En cette période de confinement je profite d'un moment de répit pour achever ce reportage commencé il y a plusieurs semaines, d'autant que peu de gens auront eu l'opportunité de visiter le musée avant les interdictions de déplacement.
Comme l'affiche l'indique, cette année l'exposition est consacrée aux constructeurs français indépendants.
En ce vendredi 06 mars 2020, les adhérents de l'association Auto Sport Muséum de Chatillon-Coligny étaient invités à l'inauguration de l'exposition temporaire qui tous les ans précède la réouverture du musée au public. On ne se bouscule pas au portillon, mis à part lors de l'apéritif qui va suivre, mais les fidèles sont présents.
Et quand on parle constructeur français indépendant, on pense Guy Ligier.
Je vous propose de soulever le rideau afin de découvrir ce que recèle la petite salle d'exposition, à savoir quatre voitures. Pas plus me direz-vous? La salle est petite mais ce ne sont pas n'importe quelles voitures!
Quand on prononce Ligier JS P2 on pense automatiquement courses d'endurance et en particulier Le Mans. Regardez bien celle que le musée propose, car il n'y en a eu que 17 de construites. Et le musée a réussi l'exploit d'en avoir une pour quelques semaines.
Le châssis est monocoque et la carrosserie en carbone. Le moteur développe jusqu'à 600 chevaux. Il sera alternativement d'origine Honda, Nissan ou Judd. La JSP2 débute en compétition lors des 24 heures du Mans en 1974, qu'elle termine à la deuxième place de sa catégorie.
Moins radicale, la JS2 succède à la JS1 en 1971. Création de Michel Têtu, cette voiture aurait dû être motorisée par un bloc Ford. Au dernier moment Ford décline. Cette histoire me fait penser à l'aventure OSI avec ce même constructeur. Parfois il ne fait pas bon être petit! Bref, c'est avec Citroën que Guy Ligier fait affaire: ce sera le moteur V6 Maserati 2965 cc qui va avoir l'insigne honneur de trouver sa place en position centrale arrière, avant d'être remplacé par le bloc de la Merak. Il développe 195 cv.
Hélas, la crise pétrolière arrive et tant les Maserati que les SM en pâtissent fortement.
Quant au parcours de notre belle JS2, il s'arrête après moins de cent exemplaires. Il existe un club spécifique Ligier JS2. On y trouve des archives INRA sympa, comme un tour du circuit du Mans commenté par Guy Ligier en personne. Le virage le plus lent à 70 km/heure quand même!
Autant l'avant est tout en rondeur, autant l'arrière est taillé au couteau.
Autre victime du choc pétrolier: la marque JIDE. Le nom est en soi un jeu de mots puisque censé être les initiales du fondateur : Jacques Durand. Les lecteurs d'Auto Rétro connaissent JC, le barbu mélange de Jacques Tati et de Gaston Lagaffe. Ici c'est JIDE! Il faut d'ailleurs en avoir pour se lancer dans une telle aventure!
Marque éphémère qui vivra à peine plus longtemps qu'un papillon (1969 - 1974). Le modèle exposé est un 1600 compétition. Le 1600 cc Gordini développe 160 cv qui permettent de propulser les 640 kg à 220 km/h. Nous sommes loin des premiers moteurs Renault qui développaient à peine 88 cv.
La marque Matra aura perduré un peu plus longtemps (1964 - 2003). On ne présente plus cette entreprise dont l'innovation a toujours fait partie de l'ADN. Mais cette fois, la conception et la fabrication des 198 premiers exemplaires de Djet reviennent à René Bonnet. Ce n'est qu'à partir de 1964 que Matra a produit les 1495 exemplaires suivants.
Ce petit Coupé de 1225 cc ne développe que 82cv, mais pour l'époque c'était déjà beaucoup. Le poids de 660 kg est très raisonnable et en rapport avec la puissance.
Joliment mise en valeur sur une estrade parée de moquette noire, cette Renée Bonnet Le Mans LM6 domine l'allée centrale.
La marque René Bonnet, née de la séparation de Charles Deutch et René Bonnet, ne va vivre que de 1961 à 1964. C'est aussi début 1961 qu'un bail est signé entre René Bonnet et Matra et que l'entreprise s'installe à Romorantin, tout en gardant son siège à Champigny.
Cette pièce fait partie des 57 exemplaires produits. Vous avez donc sous les yeux une voiture rare.
Saviez-vous que René Bonnet fut en son temps un pilote?
Il y a un club René Bonnet. Si vous souhaitez plus de détails sur cette voiture, sentez-vous libre de visiter leur site internet.
Le temps que les visiteurs fassent le tour du musée, Didier, le président de l'association, nous narre les dessous de l'exposition ainsi qu'un rappel des projets de l'année. A vos agendas pour les principaux moments de l'année et la reprise des rendez-vous mensuels chaque deuxième dimanche.
Michel Hommell est aussi un grand nom du paysage automobile français (à ne pas confondre avec le canon automoteur Hummel). Propriétaire du magazine "Echappement", Monsieur Hommel se lance dans la fabrication de voitures sportives. Si vous souhaitez voir tous les modèles produits, je vous conseille de visiter le manoir de l'Automobile de Lohéac (FR35), non loin de Rennes. Vous pourrez par exemple admirer deux barquettes dont celle de Philippe Couesnon, détenteur du record du monde en solitaire avec 10 000 kilomètres en 94 jours et 7 heures. Mais celle de couleur bleue est une version route, concurrente à son époque de la Renault Spider.
La deuxième Hommell exposée est une Berlinette Echappement.
Passons maintenant aux deux Matra: la Bagheera va apporter une touche d'originalité avec ses trois places à l'avant. Le père d'un copain d'enfance en possédait une. Style résolument décalé par rapport à celui de la DS qu'il conduisait avant.
Coupé à l'allure résolument sportive quand bien même la cavalerie est un peu faible: 1300 cc et 90 cv. La crise pétrolière marquera l'arrêt du modèle U8 mu par un 8 cylindres.
Sur ses huit années de carrière, ce ne sont pas moins de 47 796 voitures qui seront produites, dont plusieurs séries spéciales comme la fameuse version Courrèges que je trouve splendide dans sa livrée blanche.
La dernière sportive Matra sera la Murena. Elle est dit-on en nette évolution par rapport à la Bagheera, mais souffre toujours de critiques sur son premier niveau de motorisation. Le 1592 cc de la Talbot Solara semble insuffisant par rapport à la concurrence. La version 2,2 litres ne semble pas convaincre non plus lors des essais proposés à la presse sur les petites routes des Gorges du Verdon. Les concurrentes se nomment Fuego GTX, Lancia Beta, Lancia Monte-Carlo, Porsche 924, Mazda RX7...
Je ne vais pas vous faire faire un tour complet du musée, mais je ne résiste pas à l'envie de conclure sur cette Fiat 600 Multipla, monospace avant l'heure et qui permet de faire une transition facile avec Matra, dont on connait le succès rencontré avec l'Espace!
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