Club Hotchkiss Rallye National 2018 Gastronomie et Horlogerie
La Franche-Comté recèle des paysages magnifiques, nous le verrons dans un prochain reportage, mais c'est aussi une région de tradition culinaire et industrielle.
Au programme de cette deuxième journée dans le Haut-Doubs le club Hotchkiss nous livre en premier les secrets du célèbre fromage: Le Comté, et cela non loin de l'hôtel. Contrairement à la veille, le soleil est omniprésent.
La Monceau 2050 est une Hotchkiss extrêmement rare. C'est tout d'abord le dernier modèle à avoir été développé par la marque avant qu'elle se recentre sur les camions. La voiture reprend certes le châssis de l'Anjou, mais offre un moteur 6 cylindres de 3,5 litres retravaillé qui, grâce à une culasse en alliage léger et un collecteur spécial, développe 135 CV. Pour une auto de 1954, ce n'est pas mal.
Mais la voiture est surtout exceptionnelle car elle n'a été construite qu'à deux exemplaires. Une vrai pièce de collection qui participe tous les ans aux activités du club et roule fort bien.
Petit à petit les voitures atteignent le plateau.
Finalement l'ensemble des participant arrive à bon port, malgré une mauvaise interprétation par certains de l'instruction du livre de route: "tout de suite en sortant du parking, tournez à gauche" . La difficulté était donc: où finit le parking!.
Le fort Saint-Antoine a été construit en 1879 sous l'autorité du Général Serré de Rivières afin de protéger la frontière suisse, après la guerre de 1870. Le hic, c'est qu'une fois construit, cet édifice militaire est rapidement rendu obsolète par les progrès de l'artillerie.
Comme le disent fort bien les brochures touristiques, le Fort Saint-Antoine est un bel exemple de reconversion pacifique. Il est devenu depuis 1966 une cave d'affinage de Comté. Certains parlent même de cathédrale. Je ne trouve pas le terme cathédrale approprié car la hauteur sous plafond, certes respectable, n'est cependant pas suffisamment monumentale, mais c'est une image.
Dès l'entrée, le ton est donné. Les voutes en pierres taillées parlent d'elles-même: le travail pour construire ce fort a été considérable. Les stalactites que vous apercevez confirment que la température est constante: entre 6 et 9 degrés avec un taux d'humidité de 95%.
Le fromager qui occupe les lieux a procédé à l'agrandissement du site pour assurer sa croissance. Ici l'unité de mesure est la meule, et la cave en compte 100 000 en cours d'affinage. Il faut 400 litres de lait pour faire une meule. Précision : ce lait doit impérativement provenir des Montbéliardes de la région. Le guide nous a assuré que la collecte du lait se faisait dans un rayon de 25 kilomètres de la fruitière (coopérative qui collecte, fabrique le fromage et réalise le pré-affinage) pour mériter l'AOC et l'AOP.
Si l'on posait l'une sur l'autre les 100 000 meules, la pile de fromage dépasserait l'Everest (qui culmine à 8848 mètres).
La durée d'affinage est d'au minimum 4 mois et peut aller jusqu'à 10 mois. Ce qu'il faut savoir aussi, c'est que les meules dégagent de la chaleur. Un rack de 66 meules émet une chaleur équivalente à celle d'un appareil a fondue!
Mais au-delà des calories, la fermentation dégage aussi une forte odeur d'ammoniaque. L'odeur est si forte que certains membres de notre groupe se sont presque sentis mal. Visiblement le personnel s'habitue avec le temps.
Bref, la ventilation nécessaire est assurée selon le principe du puit canadien.
Bien qu'en activité, la cave d'affinage est ouverte au public et propose aussi une exposition de matériels anciens.
Chaque lait a ses caractéristiques et les meules vont, par conséquent, s'affiner chacune différemment. Elles font l'objet d'une attention particulière de la part des Trieurs qui vont sonder les meules et les goûter pour déterminer leur degré de maturité et à quelle clientèle elles seront destinées (les clients de chaque pays développent des goûts particuliers).
En fin de visite, nous avons la chance de pouvoir goûter nous-mêmes.
Après le fromage, nous prenons la direction d'un lieu traditionnel de fumage de la charcuterie: le Tuyé de papy Gaby!
En chemin nous passons, sans nous arrêter, au pied du château de Joux, que certains nomment le Fort de Joux en raison de son positionnement stratégique et militaire. En effet, il surplombe la cluse de Pontarlier qui ouvre le passage vers la Suisse. De la fin du règne de Louis XV jusqu'à la chute de Napoléon 1er, en 1815, le fort sert de prison d'état. Mirabeau y sera enfermé. L'architecte Vauban y est aussi intervenu.
La prison, réputée pour ses conditions de détention rudes, n'a pas empêchée l'évasion en 1805 de quatre prisonniers dans des circonstances plutôt rocambolesques.
Nous sommes au début du dix-neuvième siècle, et plus précisément en janvier 1805. Charles François Riffardeau de Rivière est emprisonné dans le fort de Joux. Royaliste, c'est un ennemi de l'empereur Napoléon premier. Homme d'honneur, il a donné sa parole de ne pas s'évader, moyennant quoi il bénéficie de privilèges que les autres prisonniers n'ont pas.
Parmi ces prisonniers, dans une cellule voisine, se trouvent 4 hommes dont un Irlandais. Eux cherchent à s'enfuir et le marquis de Rivière va les y aider en leur fournissant un plan, un outil pour desceller les pierres et percer la muraille, et de la nouriture. Sa parole ne lui interdit pas de le faire!
Jusque là, rien d'exceptionnel. Ce qu'il faut préciser, c'est que L'Irlandais, dénommé Girod, est incarcéré avec sa petite chienne Bibi. Ce n'est donc pas 4 mais cinq pensionnaires qui vont s'évader la nuit du 25 janvier en utilisant des draps mis bout à bout, corde de fortune réutilisée plusieurs fois pour atteindre le sol bien plus bas. La chienne sera descendue dans un sac en bandoulière. Au final les gaillards rejoindront la Suisse voisine pour se mettre à l'abri.
Ce qui est drôle, c'est qu'ils vont laisser une lettre à l'attention de leur geôlier. Elle le prie de les excuser pour les désagréments que cette évasion va lui procurer. Cela lui fera écrire au préfet: " 4 des prisonniers confiés à ma garde se sont évadés la nuit dernière, mais j'ai pour moi ma conscience pure!". En ce temps là on savait s'exprimer...
Nous arrivons bientôt dans la commune de Gilley, au tuyé de papy Gaby.
Un tuyé (ou tué) est en fait la partie centrale des maisons. On y fait brûler du sapin ou de l'épicéa pour fumer lentement la charcuterie. Le tuyé est obligatoire dans le cahier des charges de la saucisse de Morteau, par exemple, et la durée de fumaison ne peut être inférieure à 48 heures.
Mais attention, à Gilley on est dans la capitale de la République du Saugeais, micro-nation autoproclamée dont je ne pense pas avoir saisi toutes les subtilités.
Le procédé de salage et de fumage détient le pouvoir de mettre en valeur l’intensité du goût de la viande. Le salage à sec, première étape, nécessite une gestuelle particulière qui consiste à mélanger du sel avec des épices et à en frotter les pièces. Quant au fumage à froid traditionnel, il demande d’utiliser de la sciure d’épicéa et de sapin pour faire monter le fumoir en température sans jamais toutefois dépasser les 30°.
Les salaisons sont pendues à des grilles mobiles pour l'accessibilité.
Nous aurons à nouveau la possibilité de goûter et d'acheter dans le magasin.
En début d'après-midi nous changeons de registre pour nous intéresser à l'horlogerie. Le musée de l'horlogerie de Morteau nous attend. Il est hébergé dans un château Renaissance, propriété de la famille Pertusier de 1797 à 1936, date à laquelle la mairie de Morteau le rachète.
Le parking étant trop petit pour accueillir toutes les voitures, certaines stationneront dans le parc. L'occasion de faire quelques belles photos.
On peut classer les pièces exposées en trois catégories: les horloges et pendules, les montres et les outillages.
L'horloge mesure l'écoulement du temps. la pendule est une horloge avec un pendule, c'est à dire une masse en mouvement . CQFD!
Avec un peu plus de temps, nous aurions pu visiter l'horloge astronomique créée par Auguste-Lucien Vérité, qui, dans les dernier contreforts de la citadelle, domine la vieille ville de Besançon. Dans ce musée de Morteau, ce sont des petites horloges astronomiques que nous pouvons admirer à travers une protection de verre.
L'activité d'horlogerie était une activité complémentaire réalisée dans les fermes. C'était de l'horlogerie de paysans. Le musée a reproduit un atelier rural. A travers les fenêtres on peut retrouver ce qu'était la vie horlogère de l'époque.
Les présentoirs permettent d'admirer des montres de toute beauté.
Le coq est un pont de balancier qui possède une oreille dans laquelle est fixé le piton. Si au début les coqs sont simples, au XVIIIe siècle ils recouvrent presque entièrement le mouvement, sont percés et décorés de gravures représentant des fleurs, des feuilles ou encore des animaux. Les coqs à l'anglaise sont ronds , les coqs à la française peuvent être ovales ou ronds et possèdent des oreilles latérales.
Au début même les montres à gousset devaient être remontées avec des clefs. Peu pratique, la clé a été remplacée par la suite par un remontoir que l'on ne risque pas de perdre.
Ce que j'ai découvert dans ce musée, c'est non seulement l'extrême compétence et capacité de calcul nécessaires à la réalisation de ces chefs d'oeuvre, mais aussi la créativité (qui ressemble parfois à de la folie) de ces artisans.
La pièce sur la photo suivante est l'oeuvre d'un artisan canadien. Jugez par vous-même.
Je fais partie de ceux qui s'inquiètent du rapport au travail que les nouvelles génération entretiennent.
Voici un contre exemple. Il s'appelle John-Mikaël Flaux. Bon, il est breton, donc c'est un bon départ. Après des études au lycée Jean Jaures de Rennes, il se passionne pour l'horlogerie qu'il apprend à Morteau. Après un passage professionnel en Suisse, il revient à Morteau et s'installe comme créateur Horloger. Allez sur son site pour en savoir plus.
Une de ses réalisations, qui sera produite à 30 exemplaires seulement, est une "car clock". C'est une horloge mécanique qui roule et parcours 30 mm par heure. Les commandes sont ouvertes!!
L'après-midi est maintenant bien avancé et il faut rentrer en faisant un tour par les sources de la Loue. Nous en parlerons dans un autre reportage.
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