Club Hotchkiss Rallye National 2018 sur les traces de Vauban
Le club Hotchkiss fête en cette année 2018, son quarante-cinquième anniversaire et, si je ne m'abuse, son vingt-neuvième Rallye National.
Comme l'an passé dans les Vosges, nous devons une part fort importante de l'organisation à ce que l'on a coutume de nommer le "local de l'étape". Cette année c'est le Bisontin Michel Baud qui nous fait découvrir sa région: le pays des Séquanes (peuple gaulois établi à l'est de la Gaule, sur le versant ouest du Jura).
A la différence des autres années, j'ai choisi de ne pas strictement suivre la chronologie pour relater ces trois jours passés dans cette très belle région qu'est la Franche-Comté, mais de prendre comme fil conducteur des thèmes.
Le premier de ces thèmes est Vauban. Vauban a profondément marqué la ville de Besançon, comme d'ailleurs toute les villes dans lesquelles il a travaillé.
Mais revenons au début de la journée: autant les jours précédents avaient connu une météo plus que favorable, autant en ce jeudi de l'Ascension, le ciel était bas et la pluie fort présente. Avec une étanchéité plus qu'aléatoire et des essuie-glaces à l'efficacité toute relative, c'est en convoi que la cinquantaine de voitures participantes rejoignent Besançon, première étape du périple du jour.
Très exceptionnellement, nos autos sont autorisées à pénétrer dans le centre semi-piéton et piéton du centre-ville de Besançon. Elles sont guidées par des membres du club local dont Michel Baud fait partie. Belle initiative entre amateurs de belles anciennes.
Pour la petite histoire, quand, il y a plus de 30 ans, la municipalité a commencé la revitalisation et l'aménagement du centre de Besançon, les matériaux utilisés pour les trottoirs avaient fait l'objet de polémique, car, si par temps sec les pierres utilisées étaient de toute beauté, par contre, dès la neige venue, les voies piétonnes devenaient de véritables patinoires.
Ce cabriolet Anthéor est le deuxième véhicule de ce type présent cette année. Jean-Marc et Véronique, fidèles des Rallyes de la marque, sont venus du Puy-de-Dôme.
Nous finissons tous par arriver place de la Révolution. Pour la petite histoire, l'accès à cette place est interdit aux voitures. Michel B. a obtenu une autorisation spéciale, mais un petit souci de synchronisation rend délicat le passage de la borne escamotable qu'il faut veiller à abaisser manuellement à chaque passage.
Vous connaissez cette voiture bordeaux exposée à Automédon en 2016. C'est le seul exemplaire de cabriolet Riviera 686 GS (Grand Sport) présent à ce rallye. L'autre exemplaire inscrit est bloqué en Suisse dans l'attente de son immatriculation au pays des vaches mauves.
La place est grande, mais encore faut-il ranger les autos en bon ordre. Tout au long du rallye c'est notre Combourgeois de service Alain qui va s'y coller. Son humour légendaire sera parfois mis à mal devant la difficulté à faire appliquer ses consignes!
Les voitures seront surveillées pendant notre absence.
De nombreux personnages célèbres sont nés à Besançon, à commencer par Victor Hugo. Mais je souhaite ici faire référence à un homme dont les livres d'histoire parlent peu ou pas, mais dont le nom a donné lieu à un nom commun: Alexis Godillot (1816-1893), rendu célèbre en son temps par le fait qu'il fut le fournisseur d'équipements de l'armée Française et en particulier de brodequins. Van Goth en fit même une peinture. Mais saviez-vous qu'il fut le premier à proposer des chaussures différentes pour le pied gauche et le pied droit?
Besançon est ceinturée en grande partie par le Doubs qui dessine une boucle en forme de lyre. Quoi de mieux pour en faire le tour que d'emprunter un bateau? Le groupe se dirige donc vers l'embarcadère.
N'interprétez pas les sourires intérieurs comme un manque d'enthousiasme. Tout au plus une légère inquiétude face à l'inconnu et une température peu printanière.
Tout le monde trouve rapidement sa place, et le guide se charge d'émailler ses commentaires de touches d'humour.
Rapidement il faut franchir la première écluse, et c'est sans doute une première pour la plupart d'entre nous.
Peu après l'ouverture du tunnel sous la Citadelle en 1882, la boucle du Doubs a perdu sa navigabilité.
En 1987, l'écluse du moulin Saint Paul, mise en service en 1832, et fort abimée, fait l'objet d'une restauration avec la pose de nouvelles portes. Travail très particulier, qui a impliqué les compétences des Voies Navigables de France, qui utilisent l'expérience acquise lors d'une réhabilitation similaire à Strasbourg et pour laquelle il a fallu réapprendre les techniques de fabrication de ces portes en bois.
Votre sagacité aura noté qu'une lyre n'est pas un cercle. En effet, la ville de Besançon est construite au pied d'un éperon rocheux, au sommet duquel a été édifiée une place forte: la Citadelle. Comme écrit précédemment, et pour faciliter la circulation fluviale, un tunnel est percé en 1882. Nous sommes sur l'axe Rhin Rhône.
C'est à l'explosif que le tunnel est creusé. Rapidement des fissures dans la roche vont contraindre à réaliser un habillage supplémentaire en maçonnerie. Ce que vous ne voyez pas ici, c'est que la voie ferrée Besançon - Morteau passe juste au dessus. En 1987 des infiltrations rendent nécessaire une intervention des Voies Navigables de France pour stopper les éboulements.
Sur la rive gauche du Doubs, deux tours, vestiges des fortifications, subsistent: la tour Chamars et la tour des Cordeliers. Remarquables innovations de Vauban, ces tours bastionnées ont été construites à partir de 1687. Elles ont deux étages de feux : le supérieur qui était à ciel ouvert et l'inférieur pour mettre les canons à l'abri des feux plongeant des hauteurs avoisinantes.
La construction des remparts débute en même temps que la citadelle. Cette ceinture urbaine sera en permanence réparée, améliorée et modifiée.
Les temps ont bien changé. Les architectes ne construisent plus des remparts, mais des complexes modernes, comme cet ensemble d'affaires nommé en toute simplicité "La City".
Fondée à Dole en 1423 par Philippe Le Bon , duc de Bourgogne, l'université de Franche-Comté est transférée à Besançon en 1479 sur décision de Louis XI, fâché de l'humiliation infligée à son armée par les Dolois. Besançon est donc une ville universitaire depuis fort longtemps. En 1922 Alfred Alengry, à l'époque recteur de l’académie et président du conseil de l’Université de Besançon, "perçoit la difficulté pour les étudiants modestes de trouver des chambres et de rompre leur isolement". Il crée alors la société anonyme "La cité universitaire de Besançon" . Il lève 200 000 francs, qui permettent d’ouvrir la cité Canot dès 1932. L’architecture, innovante pour l’époque, est signée de René Tournier, diplômé de l’École Supérieure des Beaux arts de Paris. Comme vous pouvez le voir, l'ensemble ne suit pas l’alignement du quai Veil Picard, mais s’ouvre en V face au Doubs avec une fort belle vue sur la Citadelle et les collines des alentours.
La cité Canot est inaugurée en 1933 par le Président de la République, Albert Lebrun. Les 161 chambres ont été, en 2011, rénovées aux normes les plus récentes, et cette cité héberge toujours des étudiants.
De part et d'autre de la rivière, des immeubles seront construits par un disciple de Vauban, Isaac Robelin, au XVII siècle. La pierre utilisée est la pierre de Chailluz, extraite non loin de Besançon. Cette pierre sera rendue obligatoire pour limiter le risque d'incendie, fléau des anciennes maisons en bois.
Comme nous l'a expliqué le guide avec une dose certaine d'humour, tous les Bisontins n'ont pas reconnu dans cette sculpture le minotaure qu'elle est censée représenter. Est-il besoin de préciser que cette oeuvre moderne est une fontaine intermittente, signée de Jens Boettcher, et produite par la fonderie de St Sauveur en Haute-Savoie.
Il aura fallu un peu plus d'une heure pour achever les 4 Km de cette boucle du Doubs
Chacun reprend son auto pour rejoindre la salle dans laquelle va nous être servi le repas de midi. Il s'agit du Centre Diocésain Antoine-Pierre Premier de Grammont, ancien Grand Séminaire du XVIIe siècle qui, réhabilité, offre maintenant des locaux pour de l'évènementiel.
Cet hôtel était celui du Chambrier, trésorier de la Chambre Archiépiscopale dont la fonction donnait son nom à ce monument historique. Reconstruit au XVème siècle pour l’archevêque Antoine II de Grammont, on renomme alors le lieu "Hôtel de Grammont".
"A la fin du XXème siècle, on y découvre les fondations du mur de scène d’un théâtre antique, une partie de l’aqueduc qui distribuait l’eau des sources d’Arcier dans la ville, mais également des mosaïques et un bâtiment qui surplombait l’aqueduc qu’on suppose être un temple" (source Antoine d'Audigier)
Quand on flâne dans le centre de la vieille ville, et si la curiosité incite à franchir les portes des porches, on découvre une particularité de la ville: les escaliers à ciel ouvert. Dans l'espace Grammont, l'escalier est juste intérieur mais, me semble t-il, d'une grande noblesse.
Le déjeuner achevé, nous laissons les voitures sous la protection divine. Des autocars nous emmènent sans efforts au pied de la Citadelle.
La Citadelle est un incontournable du tourisme bisontin. Or, ce week-end est aussi le moment ou les 2CV Clubs de France se réunissent. Coïncidence, cette rencontre a lieu à La Veze-Fontain, sur le plateau au dessus de Besançon. Il n'est donc pas surprenant de croiser des cohortes de 2CV venues des 4 coins de France et de Navarre
Bref, une fois le règlement des entrées effectué, chacun se dirige vers l'intérieur de la Citadelle pour une visite libre.
La bonne humeur est présente. Un cadre posé là sans hasard est l'opportunité de coucher sur pellicule les retrouvailles entre amis du club.
Voici schématisée la configuration des fortifications Vauban au sommet de ce rocher. L'endroit propose
Deux tours dominent les remparts: la Tour du Roi côté est, et la Tour de la Reine côté ouest. Toutes les deux sont accessibles au visiteur, pour autant qu'il ait le courage de monter les dizaines de marches qui permettent d'accéder au chemin de ronde.
Côté ouest, la vue permet de retrouver la sortie du tunnel fluvial par lequel nous sommes passés le matin lors de la promenade en bateau.
Côté nord, c'est la vieille ville toute entière qui s'offre à la vue. La ceinture verte délimite la boucle du Doubs.
En conclusion de cette partie de la journée, je vous propose d'observer l'objet qui suit, et d'essayer d'en deviner la fonction. Pour vous guider, cette très belle pièce est frappée aux armoiries de Vauban.
A l'issue de cette visite nous reprendrons les voitures pour nous diriger vers la source du Lison.
Club Hotchkiss Rallye National 2018 sur les traces de Vauban
© Eric Nicolas 2021. Site créé par l'Astrolabe 🚀