Automédon 2017 : la carrosserie Française, patrimoine et collection
Tel était le thème de la dix septième édition d'Automédon. Moi, je dirais plutôt que c'était un festival autour des carrossiers des marques Panhard, Panhard & Levassor.
En ce qui concerne les extérieurs, rien de nouveau. Peu de boursiers au regard de la taille du parking.
Sur le parking réservé aux anciennes, le samedi, de très nombreuses Citroën, au point que l'on pouvait se demander si tous les amateurs de la marque ne s'étaient pas donné rendez vous.
En particulier de très nombreuses tractions. Plus que l'objectif pouvait en photographier en une seule fois.
Du coté des plus anciennes, quelques autos intéressantes, comme cette Delage Agaci, ou juste derrière une belle Salmson GP qui précède des Citroën.
Tiens, une Hotchkiss! C'est une découvrable Monte Carlo assez voyante pour une avant guerre. Cette voiture est connue du microcosme Hotchkiss. Elle fut, en pièces détachées, la propriété du président du club Hotchkiss de l'époque, qui la fit remonter en partie. Rachetée par un autre membre du club, sa restauration continua. C'est un troisième membre, à ma connaissance toujours son propriétaire, qui lui donna son look actuel.
Les jantes sont spéciales. En fait ce sont des accessoires d'époque. la voiture aurait participé au tour de France auto il y a quelques années. Elle est équipée de freins à disques ......
L'intérieur a également fait l'objet d'un arrangement avec le ciel: ajout d'instruments et surtout boiseries peintes en rouge
Revenons au cœur même d'Automédon. Pour tout vous dire, abusé par la photo de l'affiche, je m'attendais à des voitures de la belle époque, construites par de grands carrossiers célèbres. Je pensais me retrouver à Chantilly, sans doute. Et bien pas du tout. De très belles autos, mais le plus souvent construites par des carrossiers peu connus du commun des mortels.
Pour me faire mentir, cette superbe Citroën B2 Caddy sport de 1923 est signée Labourdette. Elle est truffée de particularités comme par exemple des charnières invisibles, des marche- pieds en aluminium emboutis ...
Et pour enfoncer le clou, le stand Citroën présentait aussi une DS cabriolet signée Henri Chapron.
Les voitures de carrossiers étaient réparties sur 4 podium (hors le podium des Pininfarina )
Le podium 2 est consacré à Pichon Parat. Je devrais plutôt dire, Bernard Pichon & André Parat, maîtres carrossiers à Sens, dans l'Yonne. Ils s'associent en 1952 et vont en quelques années acquérir une bonne réputation. On se souvient qu'ils seront les premiers à proposer en 1952, un cabriolet Renault Frégate. Il travailleront aussi beaucoup avec la marque Panhard, ce qui explique le plateau présenté aujourd'hui au public.
Contre exemple avec cette transformation, dès 1959, d'une Vespa 400 en véhicule de plage .
Panhard, vous avez dit Panhard? La première est un coupé junior de 1953. Carrossée par l'atelier Pichon Parat, il n'en resterait que 6 sur les 20 produites. Paradoxalement, il semble avoir existé aussi un certain nombre de cabriolets dont des traces subsistent à travers des photos de Rallyes, comme la Coupe des Alpes.
Réalisée sur la base d'une Panhard Dyna X87, cette Dolomites de 1954 est en aluminium. Une fois encore seuls 20 exemplaires seront commercialisés.
L'arrière ne me plait pas plus, même si je lui trouve de l'originalité, avec ses deux petits moignons d'ailerons.
Les félins sont réputés pour leur détente. Ce Tigre, fait exception. C'est un modèle unique exposé au salon de 1959, au demeurant une excellente année, sans moteur!
Il aura fallu attendre 2005 pour qu'un bi Cylindres de 851 cc soit monté sur la caisse.
Enfin une Panhard qui ressemble à une Panhard connue! C'est un break Dyna Z16 de 1959.
Dans la série des raretés, et sur le stand de Panhard, ce coupé Sera, à la couleur très "seventies", bien que de 1960. C'est une conception de Jacques Durand, sur une base de Panhard Dyna Z.
Changement de période et de carrossier avec cette très belle Panhard & Levassor Coupé Chauffeur X26 de 1915. Le carrossier est Belvalette. Cette carrosserie automobile est une des plus anciennes en France. Elle ne survivra pas à la grande crise de 1929 et fermera en 1933.
C'est avec Panhard et Levassor, dès 1892, que Belvalette réalisera ses premières carrosseries de voitures.
La belle bleue qui suit est aussi une X26 de 1914, sortie également des ateliers Belvalette. Le moteur est bien entendu un sans soupapes.
Quelle différence entre ce coupé de ville et le coupé chauffeur précédent? Des roues en bois et une capote pour le chauffeur. Il y a surement d'autres facteurs de différenciation, mais je ne suis pas assez expert pour m'avancer davantage.
Avez vous déjà entendu parler des automobiles Sages? Et bien maintenant c'est fait. Constructeur confidentiel P.Sage, installé dans le XV arrondissement de Paris, construisait des voitures puissantes et chères, motorisées par des blocs achetés, comme ici le gros 4 cylindres de chez Mutel.
La particularité de cette voiture, c'est que 4 carrosseries différentes pouvaient être interchangées. Runabout, Coupé chauffeur, Break de chasse et Torpedo.
Coupé Chauffeur De Dion Bouton type BS de 1909. Carrosserie RHEIMS & AUSCHER.
Carrossier peu connu, les deux ingénieurs RHEIMS & AUSCHER, rachètent la maison Rothschild. Ils innoveront par la construction de panneaux de carrosserie en tôle d'acier et utiliseront dès 1896, l'aluminium pour les automobiles de compétition comme la "Jamais contente" de Camille Jenatzy. Après avoir utilisé le brevet BAEHR (carrosserie transformable) à partir de 1920,l'entreprise cessera son activité en 1930. Pour en savoir plus sur Gustave Baehr, allez sur le site de Jérôme Collignon.
Delaunay Belleville, de 1913. Cette voiture est restée dans la même famille jusqu'en 2014. Elle est dans son état d'origine. Carrosserie Rothschild (Levallois Perret).
Encore une Panhard & Levassor, Coupé Chauffeur de 1906. Voiture de maître par excellence, motorisée par un 4 cylindres de 5315 cc. La carrosserie est de la maison Kellner & fils, inventeur des "torpédo-scaphandriers".
Le Scaphandrier est une invention française presque oubliée. Il y a deux compartiments de passagers. L'avant est réservé au chauffeur.
Le nom de Scaphandrier, s'expliquerait parce que la cabine arrière rappelle un casque de scaphandrier, mais les explications disponibles me semblent assez confuses. Ces types de carrosseries sont connues sur des Hispano-Suiza, Renault 40 CV et Panhard et Levassor, pour ne parler que des françaises.
Toujours une Panhard & Levassor, mais cette fois de 1932: modèle 6 DS. Ancien coupé chauffeur, la voiture a été transformée en Torpedo Sport, "style Labourdette"
La voiture qui suit revêt à mes yeux une importance toute particulière. Doit on considérer que nos voitures anciennes sont des pièces de Musée que l'on doit préserver en les sollicitant le moins possible, voire en les parquant dans des Musées, ou faut il les utiliser pour ce qu'elle sont, c'est à dire des moyens de transport?
En 1967, pendant plus de deux mois, 4 hommes ont voulu prouver que les anciennes pouvaient rouler, y compris dans des conditions difficiles. Ces hommes se nommaient, Olivier Turcat (petit fils du constructeur Turcat Mery) André Guignard (fondateur du Musée du Centre à Vatan), Pierre Tairraz, et Pierre François Degeorges (ingénieur Agronome converti à l'écriture de ses voyages). A bord d'une Renault de 1907 et de la Delaunay Belleville ci après, ils partiront du cap Nord pour un raid de 15 000 Km à travers la Finlande, puis la Russie, le Caucase, la Turquie, la Roumanie, la Yougoslavie et l'Italie pour revenir à Paris: en un mot, la croisière rouge.
La voiture suivante est une majestueuse Hispano Suiza H6N de 32 CV de 1925.
Carrossée par Kellner & fils en 1925, la voiture sera transformée en ambulance (le siège avant gauche et la banquette AR sont retirés. Une porte est crée à l'arrière) à la fin des année 40! Rachetée par les fromages Le Petit, l'auto sera remise dans l'état d'origine.
Talbot T15 de 1949. C'est le carrossier de Courbevoie, Guillore, qui s'est chargé de cette voiture. Moins connu que Chapron, il a exercé son talent sur des Talbot, Delage et Delahaye. Les ailes avant sont très enveloppantes, ce qui lui donne, à mon avis, comme une lourdeur.
Qui a déjà entendu parler de la carrosserie DRIGET-COAC ? Fondée à l'origine à Saint Florentin (Yonne) les fils Driget monteront à Paris pour devenir dans un premier temps des carrossiers de Panhard, Hispano, Delage.... En 1936 la société se spécialisera dans la carrosserie industrielle.
Tout cela pour dire que cette petite Brasier est passée entre leur mains.
A l'origine, ce constructeur se nommait Richard-Brasier. Georges Richard fonda de son côté la société UNIC qui existe toujours (IVECO) alors que Brasier et son emblème en forme de trèfle à 4 feuilles ne survivra pas à la crise de 1929.
C'est à Charles Kettering de la société Delco, que l'on doit en 1910 l'invention du démarreur électrique, sur demande d'Henry Leland, fondateur de Cadillac dont un ami a trouvé la mort, lors d'un démarrage, par un retour de manivelle (d'où l'expression), et qui souhaite une alternative à cette foutue manivelle. Si l'ensemble des constructeurs américains adopte cette solution dès 1912, en Europe il faudra attendre 1920. Sauf que Brasier adoptera la solution en 1914.
Sur le stand des doyennes de Panhard et Levassor, outre les deux Dyna 120 X86, berline ou cabriolet, c'est la Dynamic X81 type 140 "parisienne" de 1939 qui retient mon attention.
Je passe rapidement sur les motos. Juste une mention pour cette Moto Guzzi présente sur le stand de la FFVE, à coté du coupé Simca 9 de ville noire.
Comme d'habitude il y avait de nombreux autres véhicules qui ne figurent pas dans ce reportage.
Le mot de la fin au stand CNVA, Conservatoire National des Véhicules Anciens, qui réalisaient des démonstrations de formage de tôles. Pour en savoir plus, allez sur leur site.
Si vous souhaitez en savoir plus sur tous ces carrossiers aujourd'hui disparus, je vous recommande le site de François Vanaret. Il y a recensé bon nombre d'entre eux.
Automédon 2017 la carrosserie Française patrimoine et collection
© Eric Nicolas 2021. Site créé par l'Astrolabe 🚀