Hotchkiss sur la côte de Granit Rose
Le Club Hotchkiss organise tous les ans un petit rallye de 3 jours début octobre. Cette année le rallye a été annulé et puisque la date était réservée, nous avons été quelques uns à décider de nous organiser une balade en petit comité, dans un coin de France que le club boude: la Bretagne. Et pas n'importe où en Bretagne, dans le département des Côtes d'Armor. En breton Armor signifie "près de la mer".
Tout d'abord, vous devez apprendre quelques notions de breton pour vous aider à vous imprégner du territoire:
Bretagne se dit Breiz, dont l'abréviation est BZH. Attention les panneaux à l'entrée des villes et villages sont dans les deux langues. Un peu comme au pays de Galles.
Plou signifie paroisse. Parfois c'est remplacé par Plo, ou Plu ou Pleu.
Un exemple: Plougastel, petite ville bien connue pour ses fraises, signifie la paroisse (Plou) de la fortification (Kastel devenue Gastel).
Mais comme en Français, il y a aussi des exceptions: par exemple, Ploumanac'h est une déformation de Poull Manac'h, qui signifie " la mare du moine".
Mais revenons au tout début. Le rendez vous était fixé dans la Sarthe, à Mamers plus exactement. Il y a dans ce secteur un petit nid d'Hotchkiss...
Bref, le départ est donné à 07h15 du matin le vendredi. La nuit est encore présente, et les premiers kilomètres sont parcourus à la lueur des nos phares anémiques et malades du foie.
Point de Légions, point de Cohortes, nous ne formons qu'un Triumvirat.
Un peu comme ce qui restait de la septième compagnie, sauf que nous ne nous baignerons pas. L'avantage d'un si petit nombre réside dans son agilité (nous n'avons parmi nous qu'une seule canne pour 12 jambes), et sa capacité d'adaptation aux situations imprévues. Et puis ne dit on pas que "small is beautifull" ?
Le premier tronçon va nous amener à Fougères pour la première pause de la journée.
Les voitures trouvent facilement une place de stationnement, et les équipages se dirigent vers la boulangerie pâtisserie de Catherine, en famille avec certains des participants. Parfois la famille c'est bien.
La boulangerie est située sur la place Aristide Briand, dans le centre de Fougères. Pour mémoire, ce couple sympathique a remporté le deuxième prix du meilleur croissant organisé par le Syndicat départemental de la boulangerie en 2014. Leur secret ? une pâte levée feuilletée dans laquelle on incorpore du beurre d’Isigny!!
Super accueil, assortiment de viennoiseries, café et thé à volonté. Que demande le peuple?
Après la pause, direction la ville de Combourg, dont on dit maintenant qu'elle aurait été au centre de la forêt de Brocéliande alors que l'on croyait cette célèbre forêt du côté de Paimpont. Laissons les historiens se quereller sur ce sujet. Ce qui est sûr, par contre, c'est que le château de Combourg a été construit entre le XII et XV siècles. C'est dans son enceinte que Chateaubriand grandit.
Après avoir traversé la Sarthe, la Mayenne, et l'Ille-et-Vilaine, c'est avec un grand sourire (S.M.ILE) que nous rentrons dans les côtes d'Armor, objet du périple, et plus particulièrement à Dinan. Quand vous vous promenez dans le centre de Dinan, vous êtes rattrapé par Bertrand Du Guesclin, né dans un château des environs. Enfin, rattrapé est une vue de l'esprit car son image est plutôt du genre pétrifiée. Sa statue rappelle qu'il commandait la résistance de la ville dans son combat avec Thomas de Cantorbéry, combat dont il sortira victorieux.
Mais Dinan ne se résume pas à Du Guesclin. C'est avant tout une cité médiévale, "Cité de caractère" comme on dit par ici, de plus de 1 000 ans d'âge. Comme quoi, dire de nos autos qu'elles sont vieilles est très exagéré.
Réservation avait été faite dans un des restaurants réputés de la ville: chez la mère Pourcel. Hélas, le restaurant n'avait pas enregistré ma réservation et la salle était totalement occupée par une horde d'Asiatiques en mal de gastronomie authentique.
Qu'à cela ne tienne, drapés dans notre dignité, c'est au Cantorbery que nous nous réfugions pour calmer un estomac devenu plus contestataire qu'une bande de fonctionnaires en colère. Pied de nez à Du Guesclin!
Direction la mer et le cap d'Erquy. Si les prises d'air sont néfastes au bon fonctionnement des moteurs, une petite promenade sur la plage est indispensable à la digestion d'une joue de porc mijotée dans une sauce aussi savoureuse que riche.
Cette halte vivifiante doit prendre fin. Il y a encore des kilomètres avant de rejoindre l'étape du soir.
Lors d'un arrêt carburant, le démarreur de l'Hotchkiss de Silvère et Annick décide de rendre l'âme. La voiture parfaitement règlée redémarre cependant à la poussette.
Le prochain stop est sur le port du Légué, port de Saint Brieuc, où nous devons récupérer la Parisienne de service, Nicole.
Notre gite du week-end est situé à la pointe de l'Arcouest, juste en face de l'île de Bréhat. Il s'appelle du reste "Les Terrasses de Bréhat".
De la salle à manger qui se trouve dans la véranda, nous pourrons à loisir voir apponter les navettes reliant l'île au continent. L'hôtel propose aussi un Spa, que nous n'aurons pas le loisir de tester.
De l'hôtel, un chapelet (nous sommes en pays traditionnellement catholique) de rochers et de petites îles surgissent de l'eau.
Quand le soleil se couche, le panorama est sublime. Saviez vous que les mouettes pêchent la nuit à la lueur des éclairages qui balisent la zone d'appontage des navettes? C'est malin ces petites bêtes là!
Nos belles séniors bénéficient du parking privé, fermé et surveillé de l'hôtel, bien entourées de plantes acclimatées au climat de bord de mer.
Un démontage du démarreur confirme qu'il ne peut pas être réparé sur place. Il faudra donc pousser sans cannes pour redonner vie aux arbres à cames. La voiture restera prudemment sur le parking pour la balade du samedi. Chamousette s'est fait un plaisir de prendre des passagers.
Après une nuit jugée trop courte par certains, nous reprenons la route en direction de la pointe du château. Cet éperon rocheux qui marque l'entrée de la rade de Perros-Guirec dont il jouait dans le temps le rôle de poste de défense.
De retour sur la route côtière, nous traversons Port Blanc, (Pors Gwenn en breton) et sa très belle plage.
Attention il y a deux Ports Blanc en Bretagne: celui ci est à l'est de Perros-Guirec, alors que le deuxième est dans le Morbihan.
Sur la route qui mène à la pointe du château, un curieux édifice ne peux qu'attirer l'attention du passant: le clocher de la Chapelle Saint Gonery en Plougrescant (XI au XVI siècle).
Saint Gonery est un saint breton du VIe siècle, natif d'Irlande qui est invoqué pour soulager les fièvres et les angoisses, mais aussi par les marins au long cours.
Mais ce qui provoque l'étonnement, c'est la flèche (en plomb) penchée.
Nous arrivons enfin sur la partie remarquable de la côte de granit rose: Ploumanach. D'ancien hameau de pêcheur, le village est devenu un haut lieu du tourisme breton du fait de l'amoncellement de ses roches roses. Une fois n'est pas coutume, le soleil était absent au moment de notre passage, mais je vous recommande d'admirer ce panorama exceptionnel quand Helios se couche.
Après un frugal repas fait de crêpes et de cidre, nous passons à la visite culturelle de la journée: Le chateau de Kergrist. Construit par Jean de Kergrist dès 1427, c'était au départ un manoir entouré de murs défensifs. Il évoluera au fil des années pour prendre au XVIII ème siècle la forme que nous lui connaissons aujourd'hui.
Le nom de Kergrist est issu du breton ker qui signifie « chez vous» ou « grande maison » et grist qui est une forme mutée du nom du Christ. Le château est donc la « maison du Christ ".
Le château appartient toujours à la famille Huon de Penanster, et notre guide sera Régis Huon de Penanster, toujours vaillant et malicieux à 85 ans. Entrepreneur paysagiste, il a suivi une formation en Bioéthique à l'université de la Vie. Si vous en avez la curiosité, allez faire un tour sur sa page "Facebook". Vous verrez que l'homme a un tempérament bien trempé.
Avis aux amateurs: Monsieur Huon de Penanster cherche une solution pour que le château perdure après sa mort.
Nous ne visitons qu'une petite partie du château et commençons par l'ancienne salle des gardes transformée par la suite en cuisine.
Une particularité: la statue de Saint Anne en bois polychrome datant du XVI siècle. Dans les familles de l'aristocratie Bretonnes, on est religieux. Lisez ce que Monsieur de Penanster pense des femmes: " Pour moi la Femme est l'image de la VIERGE MARIE et profaner cette image est un CRIM une grande lâcheté".
A la fois bibliothèque et salle de billard, cette pièce était, nous dit-on, la préférée de l'aïeul Charles.
Très bel escalier à vis taillé à même le granit. Il mène aux étages.
Le grand Salon est meublé d'objets ramenés de voyages par Charles.
Devinette: à qui était destiné ce sac?
Dans la chambre de Claire, il y a un lit. Normal me direz vous. La particularité de ce lit Louis 15 / Louis 16, est son ciel de lit dit "à la Polonaise". Le lit à la polonaise est un lit d'alcôve surmonté d'un baldaquin en fer cintré, maintenu par quatre montants.
Les murs de cette chambre sont tapissés.
L'aile sud est ouverte sur le jardin.
Dernière étape du jour: nous allons traverser les terres de la Bretagne profonde pour rejoindre Paimpol par de toutes petites routes.
Paimpol est un des principaux ports de pêche qui donnent sur la Manche. Riche de moins de 8 000 habitants, c'est une cité volontairement tournée vers la mer. Si vous en doutez, rendez vous mi août lors du festival du chant marin. Parmi les plus célèbres, "La Paimpolaise", écrite par Théodore Botrel, dont voici le premier couplet:
Quittant ses genèts et sa lande,
Quand le Breton se fait marin,
En allant aux pêches d'Islande
Voici quel est le doux refrain Que le pauvre gars Fredonne tout bas :
En parlant d'église, de l'église de Paimpol il ne reste plus que la vielle tour depuis 1914.
Dans les rues du centre ville, nombreuses sont les boutiques qui proposent des objets d'art, et pas seulement des marines.
Doit on considérer que le pays Breton, triste de notre départ programmé, manifeste son chagrin par une pluie fine comme seule l'Armorique en a le secret?
Vient le temps des adieux. Les Sarthois bifurquent vers Dinard pour une halte déjeuner, tandis que le chemin direct vers le Loiret nous mène à Rennes, Laval et Le Mans
Chamousette a réalisé un parcours sans faute, sans pannes sur un parcours total de 1295 Km. Vive le troisième âge!
Pour sûr nous y reviendrons! Il reste de nombreuses choses à voir, donc on te dis :
Ken ar c'hentaÃ
À la prochaine
Hotchkiss sur la côte de Granit Rose
© Eric Nicolas 2021. Site créé par l'Astrolabe 🚀
Merci pour ce magnifique reportage en région bretonne.
Cette chère Bretagne et surtout les côtes d'armor, mes origines. 😉
Très beau reportage. J'ai aimé .