Rendez-vous mensuel et tourisme en Dracénie juillet 2020
Vidauban et son rendez-vous mensuel
De passage dans la région côtière du Var pour quelques jours, c’est le calendrier des manifestations de LVA qui guide une fois de plus la sortie du dimanche: direction la route nationale 7 dans le sens de la remontée vers Paris. Pour celles et ceux qui l’ignorent, la Dracénie est le rassemblement de vingt-trois communes du Var dans une agglomération dont l’objectif est l’affirmation du territoire et le développement des infrastructures.

Nos pas nous dirigent vers une petite ville bien connue des vacanciers avant que l’autoroute ne vienne décongestionner la route des vacances: Vidauban en Dracénie.
On y attribue les premiers signes de présence humaine au temps de l’Homo Erectus, c’est-à-dire avant la période de l’homme de Cro-Magnon dont nous sommes issus. Lieu de passage depuis toujours, l’histoire ne dit pas si la notion d’embouteillage existait déjà à Vidauban pendant la préhistoire!
De nos jours la RN7 contourne le centre-ville, mais il fut un temps où toute la circulation passait par deux rues en sens unique. L’une d’elles porte le nom d’un homme dont la fin ne manque pas d’originalité. Replongeons nous dans l’insurrection varoise de 1851. En 1848, Louis-Napoléon Bonaparte avait été le premier président de la République Française élu au suffrage universel. A l’issue de l’insurrection il devient l’empereur Napoléon III.
Le département du Var s’insurge violemment. Ce n’est pas que Martin Bidouré occupe un poste important pendant cette période historique, mais c’est sans doute le seul homme à mourir deux fois! Blessé par le préfet qui lui tire une balle dans la tête, et sabré par les gendarmes, il est laissé pour mort sur le bord de la route. Revenu à lui, il parvient à se traîner chez un fermier qui le dénonce dès le lendemain. Il est fusillé aussitôt par les militaires qui, dit la légende, doivent s’y prendre à deux fois pour l’achever!

Dans ce quartier de Vidauban, entre les deux rues précédemment mentionnées, il y avait au Moyen-Age un hôpital. Il n’en reste pas grand chose si ce n’est ce vieux four à pain, ouvert à tous les vents et bien visible depuis la rue de la République.

Quand on remonte la RN7 et que l’on approche de Vidauban, on ne peut pas ne pas voir (double négation pour renforcer l’idée, vous l’aurez compris) le clocher de l’église Saint-Jean-Baptiste.
A cette heure la messe est en cours, donc vous devrez vous contenter de cette photo de l’extérieur.
Nous sommes jour de marché. Les petites rues regorgent de marchands et autres camelots. Nous sommes dans le sud, alors les argumentaires sont couleur locale. « Deux melons achetés, un gratis et on se régale! »

Mais nous ne sommes pas venus à Vidauban pour le marché, mais plutôt pour le rendez-vous mensuel proposé par Michel François.
L’exposition se tient sur la place de la Mairie, en plein centre-ville.

La place est rapidement pleine et la pauvre Corvette se voit gentiment priée de stationner dans la rue voisine. Se côtoient répliques et authentiques. Toutes les voitures présentes sont propres et en fort bel état.

La bonne idée du choix du lieu est que la place est bordée sur un de ses côtés par des troquets. Bien que le café soit offert par l’organisateur, chacun est libre d’aller prendre l’apéro tout en restant à proximité de sa voiture. Quant aux badauds et autres touristes, ils peuvent se « régaler du spectacle » tout en se rafraîchissant d’un petit jaune.

Parmi les automobiles peu courantes, je vous propose cette petite Fiat 600 fabriquée en Allemagne et badgée Neckar Jagst 770. Cette version est en fait l’évolution de la 600 avec un moteur un peu plus gros: les 767 cm3 développent 23 CV au lieu des 19 précédents. A ce niveau de performance, on doit sentir la différence!

Aux côtés d’une 2CV AZLP de 1960, c’est un modèle tout à fait spécial.

Je vous présente une Azelle. Ce n’est pas une bidouille individuelle puisque cette transformation est commercialisée depuis que son concepteur, Alain Le Bihan, a réussi le passage aux mines en 1990. Je ne suis emballé ni par les roues que je trouve peu en accord avec la simplicité initiale du concept de 2CV, ni par la couleur, mais tout est affaire de goût.

Si la Dolly n’attire pas de remarques particulières, la Méhari par contre a une histoire: c’est une ancienne Méhari de l’armée de terre, et plus précisément du 19ème régiment du Génie de Besançon. Utilisée souvent comme voiture école la Méhari reste une voiture croisée fréquemment dans cette zone côtière du sud de la France.

La marque Renault était bien représentée: Renault 4CV, Caravelle 1100 et une Dauphine export. Pour l’anecdote, fidèle à la tradition, son propriétaire a sagement positionné un sac bien lourd sous le capot.

Modèle plus sportif et emblématique de la marque Alpine, une petite A110. Je dis petite car elle est motorisée par le 1300 cm3.
La Morgan 4/4 de 1968 dont le capot est ouvert est à vendre.

La deuxième A110 est une 1600 S. Le moteur est celui de la R16 TS et développe 125 cv DIN.

Coude à coude avec une Porsche, une Supercinq originale: Supercinq EBS, du nom du carrossier Belge qui a transformé notre petite citadine en cabriolet. Ici encore c’est pour répondre à une demande du marché que EBS va produire 850 exemplaires. Les caisses vont venir directement de feu l’usine voisine Renault de Vilvoorde.
Cette voiture sera commercialisée en Belgique, Hollande, Italie et Allemagne, mais jamais en France. Selon le propriétaire de celle exposée à Vidauban, il resterait 397 voitures dont 107 en France.

Pas de doute: le tableau de bord est bien celui de la berline.

Cabriolets d’une autre génération et qui font aussi tourner les têtes, ce sont les Austin Healey 3000. Deux de ces voitures sont présentes.


Nous restons chez nos voisins d’outre-manche. J’ai toujours un faible pour les Lotus, et particulièrement les modèles Elan. Je trouve cette photo pédagogique car elle illustre bien la carrosserie en fibre de verre.

Deux Mercedes pour représenter le constructeur de Stuttgart. Elles sont toutes les deux motorisées par un 8 cylindres. La voiture bordeaux est une 380 SL génération R107 (1980 – 1985). Au moteur près c’est ce modèle que conduisaient Bobby Ewing dans la saga « Dallas », et Jonathan Hart dans « Pour l’amour du risque ». La jaune est beaucoup plus récente. C’est une SL 500 de la fin des années 90.

Dans les originalités présentes, j’ai noté deux Triumph Vitesse. Deux moteurs animèrent ce modèle de la fin des années 60: un 1600 cc et un deux litres. Celle stationnée derrière la voiture de police US est motorisée par le 6 cylindres deux litres. Sur ces voitures il est préférable d’avoir un « overdrive » qui évite au moteur de tourner trop vite.

Puisque nous parlons de cette voiture de police US, je vais m’y attarder un peu. C’est une Plymouth Fury de 1974. Sous le capot, on trouve un V8 400 ci.
Cette voiture n’est pas authentique. C’est une réplique de voiture de police californienne. Elle est à vendre pour 28 000€.

Tavernes: Le village des portes
J’avais prévu de rejoindre une deuxième manifestation: le Rétromobile Vintage à Tavernes, mais la deuxième édition a été annulée en raison des contraintes liées au COVID. Le hic, c’est que soit LVA n’a pas été informé, soit c’était trop tard. Toujours est-il que c’est le restaurateur du village qui nous a expliqué pourquoi nous n’avions rien trouvé.
On en est quitte pour un tour du village.

Rien de grave en soi puisque j’essaie de plus en plus de relier les manifestations de voitures anciennes et le tourisme régional.
Tavernes est relié à deux hommes connus. Le plus récent, Charles Fiterman, sera ministre des transports dans le gouvernement de Pierre Mauroy de 1981 à 1984, avant de devenir Maire du village. Il était initialement communiste, puis fut membre du parti socialiste qu’il quittera en 2017. Il est aujourd’hui âgé de 86 ans. Le second personnage local est Gabriel Escudier (1906 – 1962) qui, au-delà des fonctions de Maire, représentera sa région comme député et sénateur.
Tavernes fait partie de ces petits villages du Moyen Var. Et ce sont les portes de certaines de ses maisons qui en font un village pas tout-à-fait comme les autres.
La porte d’entrée des maisons donne l’identité de ses propriétaires. Je vous en propose un petit florilège.

Toutes ont un fronton en pierre.



Et pour terminer ce rapide tour des portes, une vraie fausse entrée.

Bien enfouie dans les petites rues de Tavernes, l’église Saint-Cassien se découvre au hasard de la promenade dans le centre. Ce monument a comme tant d’autres subi les affres du temps depuis le XIe siècle, période à laquelle on en retrouve la trace.
Endommagée et fragilisée lors d’un tremblement de terre, survenu au large de la Ligurie le 38 février 1887 mais dont l’onde de choc a provoqué des dégâts jusque dans le Var, l’édifice a été renforcé à l’aide de ces deux petites tours qui servent de contreforts.
Ce sera du reste l’un des pires tremblements de terre. Il occasionnera plusieurs centaines de morts.

De vous à moi les angles du clocher en grosses pierres me semblent dénoter par leur modernité.

Les chapelles collatérales ont été construites au fil du temps et de l’accroissement de la population.

Saint Clair, aussi étonnant que cela puisse être, désigne plusieurs saints Chrétiens: Clair de Nantes, Clair de Loudun, Clair de Marmoutier, Clair d’Aquitaine etc.

Une des autres particularités de cette église est la niche en forme de grotte en hommage et reconnaissance à Notre-Dame de Lourdes.

Cotignac: la Provence verte
Sur le chemin du retour, une pause à Cotignac s’impose. C’est un des 43 villages typiques de Provence. Le site est particulièrement remarquable par sa position au pied d’une falaise en tuf haute de 80 mètres, mais surtout par ses habitations troglodytes qui sont creusées dans la roche.

De mi-juillet à mi-août, Cotignac propose un festival: « les toiles du sud ».
Deux fois par semaine, des séances de cinéma en plein air sont proposées sur la partie haute du vieux village et au pied du « rocher », autre appellation de la falaise.

Comme la plupart des villages de Provence, le tourisme est un vecteur important de ressources. A Cotignac, le promène-couillon local est un petit triporteur électrique.

Nous sommes sur la place de l’Hôtel de Ville, ou plutôt Grande Rue, juste en face du beffroi restauré il y a à peine moins de quinze ans.
A son sommet, on admire le campanile en fer forgé. Il date de 1496. Au siècle suivant on lui adjoindra un cadran solaire. Saviez-vous qu’à l’origine, les cadrans solaires ne précisaient pas les heures, mais plutôt le début de l’embauche, la fin et les pauses des ouvriers?

En haut de la rue on trouve l’Hôtel de Ville, étonnamment presque accolé aux autres immeubles. Ce bâtiment possède une histoire rigolote: en 1555, le rez-de-chaussée était un fournil. Le fournier (boulanger) habitait au dessus. Hélas, le four dégageant une forte chaleur, l’appartement était difficilement habitable. J’imagine que le problème était d’autant plus réel en été.
Le fournier décide alors de vendre son local et de déplacer le four. C’est en 1558 que le bâtiment devient l’Hôtel de Ville.

Regardez bien, ce platane date de 1839. Il a donc plus de 180 ans!

Devant le platane, mon œil est attiré par cet immeuble. Au premier abord, il n’est en rien différent des immeubles provençaux. Plus on monte dans les étages, moins les fenêtres sont hautes. La façade est enduite.
Ne remarquez-vous rien à travers les fenêtres ouvertes?

Ce qui semblait être une sorte de tache se révèle être en fait un plafond décoré de moulures au milieu desquelles un propriétaire a eu l’idée de coller une tapisserie (ou du tissu tendu). La mode des médaillons est passée, mais le travail des stafistes est resté.

Il y a 17 fontaines à Cotignac. Au début du village, la municipalité voulait que toutes les familles bénéficient de l’eau. Au fil de l’accroissement du nombre d’habitants, la mairie à racheté et capté des sources, chacune donnant lieu à une fontaine.

On reprend la route vers notre dernière étape. Les paysages de l’intérieur du Var sont magnifiques. Un mélange de vignes, d’oliviers et de cyprès qui tracent des lignes verticales .

L’abbaye du Thoronet
Nous arrivons au Thoronet. Voir et revoir cette abbaye, merveille des abbayes cisterciennes. Nous avions eu l’occasion d’y passer lors d’un rallye du club Hotchkiss en 2014.

Siza. Je vais en quelques phrases vous narrer le pourquoi de cette sculpture que le visiteur rencontre dès ses premiers pas dans l’enceinte de l’abbaye. Alvaro Siza est un architecte portugais, reconnu par ses pairs à travers un prix Pritzker, sorte de prix Nobel de l’architecture. Son bureau est à Porto, ville dans laquelle il a suivi les cours des Beaux Arts avant de se diriger vers l’architecture. Dans un article de journal, une journaliste le résume comme « un caméléon en mouvement ». Caméléon de 87 ans!
Invité à visiter le site, il va redéfinir un parcours de déambulation. La flèche ci-dessous indique la direction. Pour les curieux, un livre de 128 pages décrit son passage: « Siza au Thoronet ».

Les abbayes sont des lieux calmes et sobres. Le Thoronet est à ce titre un bel exemple de sobriété. Les gens compétents disent que la pureté de ses lignes a inspiré de nombreux architectes modernes.

A quelques originalités près, on retrouve tous les principaux bâtiments qui constituent une abbaye: église, cloître, parloir, salle capitulaire et dortoir.

L’église impressionne par sa simplicité, avec ses trois travées aux murs sans aucune décoration et aux pierres parfaitement ravalées.
Avec ses sœurs Silvacane (la Roque-d’Anthéron, Bouches du Rhône) et Sénanque (Luberon, Vaucluse), elle est est l’une des trois abbayes cisterciennes de Provence. L’ordre cistercien promeut ascétisme, rigueur liturgique et érige, dans une certaine mesure, le travail comme une valeur cardinale. Si j’osais, je dirais que ces valeurs ne sont plus vraiment en odeur de sainteté !
Commentaire de Chamousette qui regarde par dessus mon épaule:
» Humour capillotracté de fin de semaine puisque l’ordre cistercien est un ordre monastique de droit pontifical! »

La construction débute en 1160 et dure 70 ans. En moins de deux siècles le déclin gagne l’édifice et en 1699 des toits s’effondrent et des murs se fissurent. Prosper Mérimée, inspecteur des monuments historiques, officie en lanceur d’alerte et fait prendre conscience qu’une restauration est nécessaire. Elle débute en 1841.
La photo qui suit me laisse perplexe. L’ordre fondateur des abbayes de ce type prônait la pauvreté et l’austérité. Or, une des chapelles du transept est décorée de peintures. Outre le fait que cela me semble contradictoire, je n’ai trouvé nulle part d’explication.

L’abbaye est réputée pour le silence qui y règne. A notre arrivée, la préposée aux billets indiquait aux visiteurs précédents que la dernière visite guidée était en cours et qu’il n’y aurait plus de musique.
Quelle ne fut donc pas ma surprise en entendant résonner dans l’église un chant grégorien. Le son était d’une telle pureté que j’ai cru pendant un long moment que c’était un CD.
Pas du tout. En cherchant la source de ce chant magnifique, je tombai sur cette femme qui chantait, seule, face à ce cul de four! Sonorité remarquable que cette moitié de coupole renvoyait dans toute l’église et bien au-delà!
L’acoustique de ce lieu est tellement magique que, sans micro, Jane Birkin et son brin de voix passerait pour une puissante cantatrice!

Le cloître fait le lien entre l’église et les bâtiments de vie du monastère. Il est très austère.

Donnant directement sur le cloître, la salle capitulaire, ou salle des chapitres, servait aux réunions quotidiennes traitant des points d’intendance, mais aussi à la lecture quotidienne des chapitres de la règle de Saint Benoit.
Dans tous les monastères de l’Ordre, la salle capitulaire devait avoir au moins trois fenêtres à l’Est et trois baies à l’Ouest, sur le cloître, l’une servant d’accès. C’est bien le cas ici.

La surprise du jour: le lavabo.
« Le Lavabo est considéré comme l’un des plus purs exemples de Lavabo Cistercien. On peut en observer un comparable par exemple à Poblet, en Catalogne. Il fait saillie sur le Préau du cloître avec lequel il communique. La disposition hexagonale du pavillon avait une signification symbolique en rapport avec la tradition Gallo-Romaine de construire ainsi le Baptistère, peut-être en mémoire des six jarres d’eau transformées en vin à Cana. Le toit est une coupole de pierre à cinq pans, soutenue par six ogives. » (source http://monumentshistoriques.free.fr/abbayes/thoronet/abbaye.html)

Autre curiosité plus couramment rencontrée: le cellier.
Les moines y produisaient le vin et l’huile d’olive. Vous noterez les cheminées de ventilation dans la voûte. Leur fonction était d’évacuer les vapeurs d’alcool.
Il semblerait que cette pièce n’était pas le lieu de stockage.

Pour finir cette courte et incomplète visite, je vous présente le pressoir à huile.

Malgré la relative déception consécutive à l’annulation de la manifestation de Tavernes, ce fut une très bonne journée. Si vous avez l’occasion de passer par cette région, n’hésitez pas à consacrer une ou deux journées à visiter tranquillement le Var de l’intérieur.

De l’Auto Sport Museum à Mac Mahon
Nous sommes toujours au début du déconfinement. Une erreur de lecture du calendrier et me voilà devant un parking vide, certes, mais un musée ouvert. Le rendez-vous mensuel se tiendra la semaine prochaine, comme tous les deuxièmes dimanches. Alexis tient la boutique et attend un groupe.
Manque de chance, le confinement a suivi de très près l’exposition temporaire sur les constructeurs indépendants. Du coup, pour reprendre une expression actuelle, les voitures sont toujours là et la période de présentation au public est rallongée. Je ne vais pas reprendre le contenu de l’article du 14/04/2020, mais plutôt vous expliquer à travers les quelques lignes et photos qui suivent, l’adaptation réalisée pour répondre aux nouvelles exigences sanitaires.

Il a fallu s’adapter et le visiteur trouve toutes les informations nécessaires sur la porte d’entrée.

A l’intérieur, c’est le parcours qui a été changé pour offrir un sens de circulation qui assure que les visiteurs ne se croisent pas. Les distances de sécurité sont ainsi faciles à respecter. Un fléchage au sol indique la direction à prendre et une chaine constitue une barrière anti étourdis.

Pas de changements dans la salle des anglaises. Les voitures sont les mêmes. Il faut suivre le tapis rouge et tourner autour de l’axe central formalisé par les poteaux métalliques qui soutiennent la charpente.

En temps normal, la petite pièce qui abrite des pièces détachées est sans issue. Pour permettre un circuit sans croisement, le rideau est ouvert et la chaine a été retirée. A bien y penser, je trouve cela plutôt bien car cela met en valeur les pièces mécaniques exposées.

Les plus observateurs reconnaissent un moteur bicylindres refroidi par air. Mais, sans l’aide de l’affiche, auriez-vous reconnu un moteur Panhard?

De fait on arrive par l’arrière de la salle réservée aux expositions temporaires. Seules les positions des voitures ont changé.

Un petit arrêt sur image sur cette réplique britannique d’AC Cobra. Le constructeur est « Pilgrim Motorsports ». Cette société basée dans le West Sussex (au sud de Londres, non loin de la mer) existe depuis 60 ans. Elle est spécialisée dans les répliques de Cobra mais aussi de Porsche 356.

A titre personnel, j’ai du mal avec le volant et l’aspect « plastique » du tableau de bord.

Le circuit continue autour de nos deux petites Fiat.

La boucle est bouclée quand les deux Hommel font rempart. Fin de la visite. La sortie est proche.

Montcresson
J’ai déjà eu l’occasion d’écrire qu’il ne fallait pas aller bien loin pour trouver des lieux d’intérêt. Le matin, en allant à Châtillon-Coligny, j’avais remarqué que la porte de l’église de Montcresson, petit village résidentiel, était ouverte.
Sur le chemin du retour, lors de mon passage, l’office étant terminé, les gens sont en train de sortir. Une intuition m’incite à me garer. Les curés se font rares, chaque église propose une messe à tour de rôle. Le reste du temps les portes sont le plus souvent fermées. C’est l’occasion.
Le nom Montcresson provient du Gallo Romain : Mons Cressionis, la colline de Cressius. Attention à ne pas confondre Cressius et Cresus. Cette région du Gâtinais était pauvre. La commune est coupée par le canal de Briare dominé en effet par des collines. CQFD.
Bien qu’elle soit construite au bord de la rue principale, mainte fois traversée, je ne suis jamais rentré dans ce curieux exemplaire d’architecture religieuse du XIIe – XIIIe siècle.

Autant vous le dire tout de suite, cette église me plait du fait de son architecture asymétrique provoquée par des ajouts successifs. Cela lui concède un caractère unique. La façade n’est pas équilibrée à cause de l’ajout d’une aile latérale côté nord.
Imbriquée dans cette collatérale, émerge une tour clocher pavillon. L’ensemble des murs est renforcé par des contreforts.

La tourelle engoncée dans l’angle renferme l’escalier qui permet d’accéder au clocher.

A l’arrière, les trois fenêtres du chevet répondent à celles percées au dessus du portail. Le petit ajout abrite la sacristie.

La façade sud est percée de fenêtres entre les contreforts.
Le petit bâtiment aux allures de pigeonnier reste un mystère. Aveugle côté nord, il est ouvert sur le jardin de l’ancien presbytère.


Mais, me direz-vous, quel est le rapport avec Mac Mahon?
Avant de répondre à cette question, oh lecteur impatient, assurons-nous que nous savons tous qui est Mac Mahon.
Ma première rencontre avec le nom de Mac Mahon remonte à bientôt trente-quatre ans, quand une embauche dans le secteur m’amène dans le Gâtinais. Un agent immobilier chargé de me trouver un logement me fait visiter une petite maison située dans un hameau non loin de là, perdu au milieu des champs. N’eussent été les courants d’air provoqués par les portes et les fenêtres disjointes, je serais sans doute devenu un montcressonnais.
Mais le lien entre mon histoire personnelle et Mac Mahon réside dans le fait que cette maison et toutes les terres qui l’entourent appartiennent au domaine du Château de la Forêt, propriété de plusieurs centaines d’hectares appartenant aux descendants de Mac Mahon. J’avoue humblement que, du haut de mes à peine plus de vingt-cinq ans, j’ignorais à l’époque qui était Mac Mahon.
Mac Mahon

Issu d’une vieille famille irlandaise, Patrice de Mac Mahon est né en juillet 1808 au château de Sully (en Saône et Loire et non à Sully en bord de Loire). Militaire, il termine sa carrière avec le grade de Maréchal de France. Mais, au-delà de cette brillante réussite, il devient le second président de la troisième république en 1873. Il succède à Adolphe Thiers et démissionne de la fonction en 1879.
Sa lettre de démission se termine par la phrase suivante:
« En quittant le pouvoir, j’ai la consolation de penser que durant les cinquante-trois années que j’ai consacrées au service de mon pays, comme soldat et comme citoyen, je n’ai jamais été guidé par d’autres sentiments que ceux de l’honneur et du devoir, et par un dévouement absolu à la patrie.«
Marechal de Mac Mahon, Duc de Magenta.
Au-delà de sa propriété, ce qui rattache le Maréchal à Montcresson, c’est qu’il y est mort en 1893. Quant à cette église dont il a financé des restaurations importantes, c’est entre ses murs que s’est tenue la cérémonie religieuse des funérailles.
L’intérieur de l’église Saint Léger
L’aile nord se termine par l’autel de la Vierge. A l’instar du chevet, les murs sont peints et, bien que l’ensemble soit un peu en souffrance, l’effet est saisissant et du plus bel effet.

Largement éclairé par sept vitraux dont la réfection a été financée par Mac Mahon, le chevet présente aussi des décors muraux qui égaient cette partie de l’église.

Avant de rentrer à Saint Cyr, Patrice de Mac Mahon avait été scolarisé au petit séminaire des Marbres à Autun. Royaliste et catholique, il entretenait des relations suivies avec le curé du village et l’évêque d’Orléans.
Il n’est donc pas surprenant que son mécénat ait permis de refaire l’ensemble des vitraux de l’édifice (maitre verrier François Fialex), les peintures du chœur et la sacristie.

La plupart des personnages représentés sont les saints patrons de la famille de Mac Mahon.

Si Ernest Jean Delahaye a peint une toile sur les obsèques nationales du grand homme à l’église de la Madeleine (Paris), on ne retrouve trace de la cérémonie de Montcresson qu’à travers les journaux de l’époque.
Ce que l’on sait, c’est que la foule était immense, les hôtels insuffisants, et que le capitaine Colette, père de l’écrivaine, a prononcé un discours.
En résumé, la visite imprévue de cette petite église et l’immersion dans la vie d’un des quatorze présidents de la troisième république, ont prouvé une fois de plus que nous avons à portée de la main des trésors à découvrir.
Je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous une des citations célèbres du Maréchal:
« La fièvre typhoïde est une maladie terrible: ou on en meurt, ou on en reste idiot. J’en sais quelque chose: je l’ai eue. «
