Rétro-camping dans le Berry épisode 4 et fin
Rétro-camping dans le Berry épisode 4 et fin
Cet intermède en rétro-camping arrive à son terme. La caradeuch est attelée et nous reprenons la direction du nord. Les guides indiquent un lieu d’intérêt, au label des plus beaux villages de France: Apremont-sur-Allier.

Quand deux consœurs d’à peine quarante-cinq ans traversent un village médiéval et posent pour se rassurer sur leur jeunesse relative! La coquetterie se formalise sous bien des formes!
Le commentaire de Korrigan: Ce que l’auteur de ce reportage oublie de signaler, c’est qu’à peine franchi le panneau indiquant l’entrée du village, nous fûmes assaillis par les crépitements des appareils photos. De toutes les vitres de la voiture jaillirent des objectifs pour nous immortaliser! Et puis, comme disait Alphonse Allais, ne me demandez pas mon âge, il change tout le temps!
C’est vrai, des Australiens en visite m’ont abordé. La Citroën est connue jusque de l’autre côté du globe! L’un des touristes m’a raconté avoir essayé la première 2cv importée en Australie par un de ses amis.
Le commentaire de Korrigan: nous étions donc des stars!
Apremont est au bord de l’Allier, non loin de la confluence avec la Loire. En ce mois d’août, le débit est faible et, en début de matinée, l’endroit respire la sérénité.

Il est toujours frustrant de pas réussir à reproduire complètement sur la photo les jeux d’ombres et de lumières que l’œil humain capte naturellement quand le soleil joue à cache-cache avec les nuages.
Tout le village appartient au même propriétaire. C’est entre les deux guerres qu’un maître de forges du Creusot, Eugène Schneider, va entreprendre une mise en valeur du village. Tout ce qui n’est pas en harmonie avec le site sera rasé pour être remplacé par des maisons reconstruites dans le style médiéval berrichon.
Au Moyen Age, c’est l’extraction des pierres, utilisées en particulier pour édifier la cathédrale d’Orléans, qui a rendu le village prospère. Aujourd’hui on n’y compte que soixante-dix résidents.
Eugène Schneider, maître de forges au Creusot et troisième de la dynastie industrielle, épouse en 1894 Antoinette de Rafélis-Saint-Sauveur. Lors de leur voyage de noces à Apremont, Eugène s’enthousiasme pour le site dont il rachète leurs parts à sa belle-mère et à ses beaux-frères. Pendant 50 ans il va améliorer le château, aujourd’hui classé, mais qui ne se visite pas.
Inconsolable de la mort de son fils, tué en combat aérien en 1918, Antoinette Schneider demande à son époux de lui donner un jardin. Le virus se transmet à la génération suivante et c’est en 1970 que Gilles de Brissac, le petit-fils, débute ce qui est devenu aujourd’hui le parc floral.

Le jardin porte le label « Jardin remarquable ». Il l’est et il faudrait un reportage entier pour vous en faire voir tous les aspects.
Il ne faut pas se fier aux quatre hectares, superficie en soi assez modeste, car d’un terrain plat il a été réalisé un jardin magnifique, à voir et à revoir au cours des saisons, sur une inspiration du fameux « jardin blanc » de Vita Sackville-West, à Sissinghurst (Angleterre).
Trois constructions ponctuent le parc. Au sommet de la colline se détache un belvédère octogonal, d’inspiration russe car suivant les plans d’Alexandre Serebriakoff (1907-1995). Outre sa position dominante, ce sont ses huit panneaux qui en font l’intérêt. Réalisés par la faïencerie Montagnon de Nevers, il font voyager bien au delà de l’hexagone puisqu’ils racontent le voyage autour du monde des « Pulcinelli ».
Le commentaire de Korrigan: Vous noterez le jeu de mots puissant sur octogone et hexagone! J’en ai les barrettes de calandre qui s’entrechoquent!
Je vous laisse juger par vous-même à travers quatre exemples, tous réalisés suivant des dessins d’Alexandre Serebriakoff. Il a quand même fallu dix ans pour exécuter la commande de tous les panneaux. Omniprésence des Polichinelles, bien entendu.
En descendant vers la partie basse du parc, on longe la cascade, construite grâce à l’empilage de six cent cinquante tonnes de rochers!
Un peu plus loin surgit un pont pagode dont le toit est en écailles.
A l’opposé du plan d’eau, le pavillon turc et son décor intérieur (de J. Robinet qui illustre les âges de la vie) évoque les rives du Bosphore et les splendeurs passées de l’Empire Ottoman.

Si j’osais, je citerais le dicton: « Un homme digne de ce nom ne fuit jamais. Fuir, c’est bon pour les robinets! »
Le commentaire de Korrigan: Gardez ce calembour pour vous. Si cela venait à fuiter ma réputation en pâtirait!
Au final ce parc est magnifique. J’aurais pu montrer et citer les espèces d’arbres rares, mais le mieux est que vous en fassiez l’objet d’une promenade dominicale un prochain dimanche, pendant les six mois d’ouverture au public.

Cet ensemble harmonieux dans le style bérrichon occupe une partie de la partie basse du parc. On a connu pire comme endroit de résidence.
Nous reprenons la route en direction de Bourges pour atteindre Jussy-Champagne.
Au bout d’une petite route, le château de Jussy apparait dans la perspective d’une allée bordée d’arbres.
Le commentaire de Korrigan: vous noterez la souplesse des articulations de ma motrice!
Le Château de Jussy date du XVIe – XVIIe siècle. Les travaux auraient débuté entre 1584 et 1591, sur ordre de François de Gamaches. C’est le petit-fils de François, Claude, qui termine le château sous l’autorité de l’architecte Jean Lejuge (1589-1660). Berruyer, il compte à son actif plusieurs bâtiments publics dans la capitale du Berry.

Rétro-camping dans le Berry épisode 4 et fin. le château est toujours entouré de douves, sans pertinence défensive bien entendu.
La famille de Gamaches vendra le domaine à la famille Gaucourt en 1702, qui le cédera à son tour à la famille de Bengy. L’intérieur du château ne se visite pas. Les propriétaires proposent simplement de parcourir le parc. Un petit guide à l’attention des visiteurs est laissé à l’entrée du parc. Je suis resté déçu par ce parc que certains disent remarquable. Il est majoritairement constitué d’étendues herbeuses sans beaucoup d’intérêt. Ceci reste une opinion personnelle.
Sur la commune d’Henrichemont, le lieu dit la Borne est un village de potiers. Mais c’est aussi là que se trouve le Musée le Totem qui présente les collections de Janet Stedman et Pierre Digan, deux acteurs incontournables des années 1960-1980 à La Borne.
Cela change des monuments construits il y a cinq ou six siècles.
A la sortie du village, une poterie type calvaire pose le décor: nous sommes chez des potiers.
Nous continuons par de petites routes et traversons le village d’Ivoy-le-Pré. Et c’est en grimpant la côte qui permet de rejoindre la route de Vailly-sur-Sauldre que j’entends comme un bruit de verre cassé. Quand on roule en ancienne, on développe une capacité à entendre tous les bruits suspects, annonciateurs d’une possible panne. Je n’ai pas vu sur la chaussée de bouteille sur laquelle j’aurai pu rouler.
Un arrêt s’impose, et je découvre que l’un des phares de Korrigan s’est détaché. Au contact du sol, le verre a bien entendu éclaté. Il ne me reste plus qu’à ramasser les morceaux. Korrigan va rentrer avec un seul oeil!
Le commentaire de Korrigan: A mon tour de faire de l’humour et de montrer ma zénitude. Qui va croire qu’après avoir traversé Ivoy-le-Pré j’y vois plus que d’un oeil? Nous aurions voulu le faire exprès que nous n’y serions pas arrivés!
La dernière halte s’opère au château de la Verrerie, à Oizon. Avec un peu de chance je vais y trouver un oeil de verre puisque le nom provient de la fabrique de verre qui existait jusqu’au XIXe siècle.
Le commentaire de Korrigan: je trouve cette blague de très mauvais goût!
Permettez-moi de citer l’académicien et Duc, René de la Croix de Castries (1908-1986): « Les châteaux de famille sont l’expression d’une synthèse où l’effort des siècles s’allie à la continuité des lignées. Eléments vivants du passé, ces terroirs ancestraux se manifestent comme un des devoirs impérieux du temps présent, car leur conservation, qui mérite d’être encouragée, demeure un sûr gage d’avenir«

Rétro-camping dans le Berry épisode 4 et fin: château de la Verrerie parfois nommé « Château de la forêt ».
Nous entrons ici dans le territoire des Stuarts. Au début du XVe siècle, les anglais étaient maîtres de la moitié du pays. Les choses ont bien changé puisqu’ils s’activent de nos jours à se renfermer sur eux-même. Bref, ce qui n’a pas changé par contre, c’est l’animosité entre les Ecossais et les Anglais.
Jean Stuart Darnley, cousin du Roi d’Ecosse, fort d’une petite armée de 450 hommes, va batailler aux côtés de l’armée française et contribuer à battre les anglais en 1421 lors de la bataille de Baugé (Maine et Loire). En récompense, Jean Stuart reçoit la Châtellenie d’Aubigny. Il sera le premier seigneur d’Aubigny de 1423 à 1429. Douze générations de la famille Stuart se succèderont.
Entre 1495 et 1500, Berault Stuart (quatrième seigneur d’Aubigny) agrandit le vieux domaine de la Verrerie. Robert Stuart (cinquième seigneur d’Aubigny) réalise une nouvelle série de travaux dont le décor de la chapelle.
A la fin du dix-neuvième siècle, Louis de Vogüé, dont la famille est propriétaire du château depuis 1842, entreprend la restauration et l’agrandissement de celui-ci avec l’architecte Paul-Ernest Sanson.
« Je tenais à trouver pour nos enfants un coin de sol sur lequel pussent se reposer les souvenirs de leur imagination de jeunesse et l’affection locale du foyer paternel. Ce lieu traduit parfaitement ce thème de mon cœur et de ma sollicitude » Louis de Vogüé, novembre 1849.
Le portrait ci-dessous est celui d’Eugène-Melchior, Vicomte de Vogüé, le fils de Louis (1848-1910).
Françoise de Hautecloque, nièce du Maréchal Leclerc et épouse d’Antoine, Comte de Vogüé, vont à leur tour restaurer le château. Ce que nous visitons aujourd’hui est le fruit de leur travail.
La chasse a toujours été une activité importante. C’est toujours le cas. En 1975, le propriétaire actuel fonde sous le nom de « le Bouquin Berrichon » un équipage qui pratique la vénerie du lièvre. La décoration s’en ressent.
Astuce d’adulte pour pouvoir surveiller les enfants: un petit balcon surélevé entre la bibliothèque et le grand salon.
La demeure se voulait être une maison familiale. On y retrouve donc toutes les pièces fonctionnelles habituelles. Le propriétaire actuel est Béraud, Comte de Vogüé, l’un des fils d’Antoine. Il va développer l’activité touristique de la demeure dans laquelle il est né.
Mais ce qui m’a le plus frappé lors de la visite est la chapelle et sa haute flèche. Elle daterait du XVe siècle. Les décorations datent de 1498.
La voute est peinte en bleu et semée d’étoiles d’or. Les médaillons sont des bustes représentant des membres de la famille des Stuart que l’on a voulu immortaliser.
Lors de la restauration de la chapelle en 1930, le grattage de l’enduit, dont on ne sait pourquoi il avait été posé, laisse apparaitre toutes les fresques. Elle seront restaurées.
Sur la partie haute des murs sont peints des apôtres et des martyrs. On y trouve aussi un mélange de fleurs de lys et de chardons, l’un des emblèmes de l’Ecosse.
Pourquoi les chardons? On raconte que lors d’un conflit opposant les Ecossais aux Vikings au XIe siècle, ceux-ci, lors d’une attaque nocturne, se déchaussèrent pour ne pas faire de bruit. Hélas, ils traversèrent un champ de chardons et ne purent s’empêcher de crier de douleur, avec pour effet de réveiller les écossais. C’est de cette anecdote que l’ordre de chevalerie du Chardon aurait été créée.
Au moment de traverser la Loire, nous sommes presque revenus à notre point de départ: Gien et son château ! Nous aurons parcouru environ 1000 kilomètres dans une région riche en patrimoine. C’est une très belle découverte.
Rétro-camping dans le Berry épisode 4 et fin
Rendez vous mensuel CAMP 29 septembre 2019
Rendez-vous mensuel CAMP 29 septembre 2019
L’art et les pouvoirs publics sont-ils compatibles? En y réfléchissant, je crois me souvenir que bon nombre de décisions prises par des municipalités sur l’installation de telle ou telle œuvre d’art ou prétendue telle ont fait l’objet de polémiques. Souvenez-vous des colonnes de Buren, du centre Beaubourg ou des pyramides du Louvre.
Loin de Paris, la ville de Courtenay a implanté sur la zone herbeuse qui fait face à la nouvelle médiathèque, deux sculptures. Je n’ai pas suivi dans la presse locale les réactions des habitants, mais en me rendant au rendez-vous mensuel du Courtenay Auto Moto Passion, je me suis fait la remarque que ce lapin, à en juger par ses yeux, devait être atteint de la myxomatose.
Il est vrai que si la tortue ressemble à une tortue, l’autre sculpture peut laisser le visiteur un peu pantois. En fait, ce ne serait pas un lapin mais un kangourou. Les mauvaises langues disent même que c’est un kangourou en train de faire ses besoins…
Bref, tout cela pour mettre un peu de viande autour de ce reportage ô combien maigrichon du fait de la pauvreté des participants à ce rendez-vous de fin septembre. Les variations de présence d’un mois à l’autre restent inexpliquées et l’aversion de certains pour le lieu n’explique pas tout.
Quand on fait partie d’un club national, la dispersion géographique des adhérents rend les rencontres entre membres peu fréquentes et il faut, pour garder le lien, faire preuve d’originalité.
La multiplicité des évènements locaux permettant de se retrouver entre amateurs de vintage, ouvre à chacun la possibilité de choisir suivant sa disponibilité et ses affinités. Le CAMP compte plus de trente membres dont je me demande pourquoi ils adhèrent puisque nous ne voyons jamais certains d’entre eux, ni le dernier dimanche du mois, ni aux sorties sur la journée.
Serait-ce un signe du destin si l’arbre à palabre, certes malade, a disparu ? Il n’en reste plus qu’un morceau de tronc tout juste bon à faire un siège.
Quoiqu’il en soit, les plus fidèles sont présents. Par ordre de nombre de véhicules représentés, les marques Simca et Citroën viennent en tête suivies de Porsche, Alfa, Peugeot et Ford.
Quand j’étais enfant, les 404 étaient des voitures de direction. Comparée à cette traction limousine, elle parait toute petite.
Ces rendez-vous sont aussi l’occasion de se passer des bons plans.
L’astuce du jour : monter deux bobines l’une à côté de l’autre, pour, en cas de chauffe, en avoir toujours une prête à prendre la relève.
Aujourd’hui, c’est Laurent qui remporte la palme de la nouveauté. On connait son attachement à la marque Peugeot et c’est sur une moto Peugeot 125 cm3 qu’il nous a rejoints.
Rendez-vous mensuel CAMP 29 septembre 2019
Rétro camping dans le Berry épisode 3
Rétro-camping dans le Berry épisode 3
C’est le troisième jour de ces courtes vacances. Demain nous repartons, mais l’heure est à nouveau aux visites, et comme l’avenir sourit aux gens qui se lèvent tôt, c’est un peu avant l’heure d’ouverture que ma 2cv et moi arrivons à la première pause: un charmant village qui répond au doux nom de Sagonne. Soucona était une divinité gauloise qui a donné son nom au lieu et au ruisseau qui le traverse: le Sogonnin.
En attendant que le gardien, et guide, du château ouvre les portes, un petit tour dans les rues proches s’impose. On y trouve de vieilles maisons moyenâgeuses.
Si l’origine de ce château se perd dans la nuit des temps, le plus ancien propriétaire que l’on connaisse est Wicfried (802 – 838), comte de Bourges, qui l’offrit en dot à sa fille Agane, en 832. Ses descendants en resteront propriétaires pendant sept siècles!
Ce que l’on en voit aujourd’hui remonte à une période comprise entre le XIIe et le XVe siècle.
Rien de mieux qu’une maquette pour se faire une idée de ce à quoi ressemblait la place forte du temps de sa splendeur.

Je ne sais qui, des créateurs de la maquette ou de ceux qui ont restauré cette imposante place forte, ont revisité certains toits, mais le principal est sous vos yeux.
Cette maison forte ressemble beaucoup à une ferme fortifiée. L’ensemble est entouré de douves dans lesquelles des poissons frayent sans vergogne et sans véritables prédateurs, à en juger par leur nombre. Comme le terrain était marécageux, le sol a fait l’objet de fondations empierrées.
L’entretien était réalisé par les paysans du comté qui devaient un mois de travail par an au seigneur.
La cour intérieure servait aux marchés et aux quatre foires annuelles instaurées par le Connétable de Sancerre. Bien construit, le château résiste aux anglais qui ravagent les alentours au XIVe siècle.
J’attire votre attention sur le fait qu’une fois par an, en 2019 c’étaient les 20 et 21 juillet, une fête médiévale est organisée dans l’enceinte du château. Un marché médiéval est installé comme à l’époque dans la cour.
En 1423, Beraud III d’Auvergne permet à Charles VII d’installer une garnison royale.
Jules Hardouin Mansart, surintendant des bâtiments de Louis XIV et architecte de Versailles, en sera le propriétaire à compter de 1634. Il prend alors le titre de comte de Sagonne. Parce que le roi Louis XIV devait y passer en se rendant à Bourbon l’Archambault, Mansart adapte le château féodal au style nouveau. Une partie de l’enceinte est détruite, et des terrasses sont aménagées.
Passons rapidement sur la faillite des héritiers de Mansart pour arriver à la Révolution pendant laquelle le château est saisi comme bien national. Vendu, il va servir de source de matériaux, à commencer par les faitages de plomb qui vont servir à couler des balles. La plus grande partie des travaux de Mansart sera détruite.
Les deux photos qui suivent sont bien du même donjon. Selon le côté d’où on le regarde, l’effet est fort différent car sa plus haute partie n’est visible que du côté parc.

En 1944, c’est sur cette façade sud du donjon, depuis reconstruite, qu’un obus allemand est venu finir sa course

La tour, construite pour faciliter l’accès en procurant un escalier central de 170 marches, mesurait initialement 47 mètres. Elle a été réduite à 30 mètres.
Par la suite, des pans entiers seront démolis pour récupérer des matériaux. Cela explique l’état actuel, quand bien même de gros travaux ont été entrepris depuis le changement de propriétaire en 1977.

Lors de la restauration, les murs ont été repeints dans l’esprit de ce qui existait. Pour ma part je trouve l’effet surprenant, dans le mauvais sens du goût. Jugement très personnel.
L’épaisseur des murs permet des agencements qui préfigurent en quelque sorte les actuelles chambres parentales!
En opposition à la rusticité des sanitaires, ces décorations murales en trompe l’œil donnent une impression de richesse.
Pour faire court, lors de la transformation opérée par Jules Hardouin Mansart, l’usage de certaines pièces a été modifié. Cette pièce, par exemple, était une chapelle dont il reste quelques vestiges.
Loin des salles d’apparat ou imaginées pour recevoir des hôtes de marque, j’ai pris plaisir à suivre les escaliers de service.

Vue de l’intérieur, l’étanchéité est perfectible. Quand au système de fermeture, je vous laisse juger.
Pour accéder aux greniers, il faut emprunter un escalier étroit. Malgré les travaux considérables déjà réalisés, la tâche reste immense pour qui souhaiterait finir le travail de restauration.
Au moment de quitter le site, nous passons par les parties communes situées à la droite du porche.
Rien de bien extraordinaire dans cette cuisine dont on voit ici les fours, mais il me semble bon de plonger dans les moyens disponibles à l’époque.
Pour celles et ceux qui le souhaitent, des visites guidées aux chandelles seront organisées le 19 octobre de 20h00 à 23h00. Vous pouvez vous reporter au site internet de L’association du Centre Artistique et Culturel Mansart.
Après cette très longue pause, ma fidèle compagne « Flat twin » et moi-même filons plein ouest – sud ouest, « de plaines en forêts de vallons en collines » comme le chantait Jean Ferrat dans sa chanson « Ma France », pour découvrir un des monuments religieux phare de la région: l’abbaye de Noirlac.
J’ai décidé de vous faire découvrir l’Abbaye de Noirlac par sa façade ouest, alors qu’elle se cache derrière la voute végétale de majestueux tilleuls, tous âgés de plus de trois cents ans.
La raison de cette approche se justifie par l’implantation de l’abbaye dans un territoire de bocage. Si vous avez quelques minutes, je vous propose un survol de cette zone fort bien préservée.
Ce qu’il faut retenir de cette abbaye, c’est que c’est une de celles qui a le mieux traversé les siècles. Nous la voyons aujourd’hui presque complète et parfaitement rénovée.
Sa construction a commencé vers 1150 sous l’impulsion de quelques moines égrainés de Clairvaux (sud de Bar-sur-Aube). Le premier bâtiment érigé est l’église, dans l’esprit de Saint Bernard, et dont nous voyons l’extrémité du transept sur la droite de l’image.

L’abbaye de Noirlac, appelée Notre-Dame de la Maison-Dieu jusqu’au XIVe siècle. Vous remarquerez ses ouvertures en arc brisés. Sur la gauche, la salle capitulaire et le scriptorium.
A force de visiter des abbayes, on finit par mémoriser le schéma général, dont le cloître fait bien évidemment partie. Ici j’ai été surpris par le fait qu’un des côtés soit ouvert.
L’organisation spatiale du monastère obéit à des règles traditionnelles issues du plan bénédictin : chaque bâtiment répond aux besoins quotidiens spirituels, intellectuels et matériels des moines. A Noirlac, les bâtiments sont groupés autour du cloître: cellier, salle capitulaire, salle des moines et réfectoire.
Je vous propose un tour rapide des différentes parties. L’abbatiale est très haute. Pour confirmer les choix d’implantation des lieux de vie et de prière, un escalier permet d’accéder à l’étage et ses dortoirs tandis qu’une porte s’ouvre sur le cloître.
La salle capitulaire, ou salle du chapitre, s’ouvre totalement sur le cloître. Nous la nommerions aujourd’hui salle de réunion. Capitulaire vient du mot latin capitulum, qui veut dire tête ou chapitre (CQFD) car c’est ici qu’était lu chaque jour par les moines un chapitre de la règle de Saint Benoit de façon à connaître les règles du monastère.

Cette salle possède donc un rôle d’enseignement, mais c’est aussi le lieu de décision concernant la vie quotidienne. Enfin, elle a aussi une fonction de rappel à la discipline.
Un peu plus loin, dans la continuité, on entre dans le réfectoire, non sans être passé devant le parloir. Des travaux multiples ont essayé de faire le lien entre nourriture terrestre et nourriture spirituelle. Loin de moi l’idée de vous résumer ici les résultats de ces recherches. J’aurais d’ailleurs beaucoup de difficultés à vous en faire une synthèse dans la mesure ou, selon les congrégations, il m’a semblé que les lectures du mode de vie pouvaient être différentes.

Ce parloir pouvait être tout à la fois un lieu de discussion, de rencontre avec des visiteurs externes et de confession.
Nous sommes ici dans la salle des moines. Elle aurait été identifiée comme étant une infirmerie.
Il faut ici expliquer la différence entre les moines et les convers. Les convers étaient initialement des moines entrés en religion à l’âge adulte. Par la suite, les convers étaient les moines qui n’étaient pas soumis à la Règle majeure de l’Ordre, mais à un règlement mineur (les us et coutumes) et qui assuraient les tâches matérielles permettant à la communauté de subvenir à ses besoins. Les moines et les convers ne cohabitaient pas.
A l’étage, à l’opposé des dortoirs des moines, on retrouve une fort belle charpente en forme de coque de navire retournée.
A l’origine, les moines dormaient dans une salle commune. Autour des années 1500, le pape Alexandre VI autorise les moines à dormir dans des cellules. C’est au XVIIIe siècle que des chambres individuelles sont aménagées.
Une fois la visite terminée, nous continuons la route à travers bois et étangs. Soudain les matériaux utilisés dans les constructions se teintent de rose. Nous sommes dans l’ancienne communauté de commune du grès rose.
Mais le but de cette fin de journée n’était pas les carrières de granit rose, mais un musée aperçu la veille, trop tard en journée pour pouvoir le visiter. Ces crayons constituent un indice sur la nature du musée. La photo de l’homme célèbre du village est un second indice.
Si le nom d’Alain-Fournier ne vous dit rien, sans doute son ouvrage le plus célèbre, « Le Grand Meaulnes », doit vous rappeler des souvenirs.
A l’opposé des châteaux et monuments religieux visités au cours des jours précédents, c’est dans l’atmosphère d’une école du XIXe siècle que je vous propose de vous projeter. Ne perdez cependant pas de vue que l’école servait encore dans les années 70!
Dans un si petit village il faut rappeler que Mairie et école ne faisaient qu’un. C’est dans ces lieux que Alain-Fournier a passé ses années d’école primaire.
La mairie n’était en fait qu’une seule et unique pièce.
Sitôt la salle du conseil municipal franchie, on pénètre dans une des deux classes. Les enfants étaient regroupés en deux niveaux. Point d’écran de projection ou de moyens modernes. Le matériel pédagogique est sur les murs.

La reconstitution va jusqu’à mettre de l’encre dans l’encrier. C’est par le tuyau de cheminée que l’on aperçoit au ras du plafond, que la salle était chauffée!
Quand on parle aujourd’hui d’incivilité des gens, pensez-vous que le sujet orienté de cette rédaction pourrait revenir au programme?

Le bureau du maître et l’accessoire de base à l’époque: la baguette! J’ai connu la même et c’était dans les années 60.
Deuxième accessoire d’une pédagogie depuis longtemps révolue: le bonnet d’âne!
Vous l’aviez bien compris: la baguette servait surtout à pointer sur les panneaux muraux.
Pour le plaisir, je vous propose un exercice. A vous de voir si vous savez toujours trouver la solution de ce problème d’arithmétique issu de la préparation au certificat d’étude de 1923. Il vaut dix points.
Sur un terrain, on construit une maison qui occupe les 2/9 de la surface; Le 1/4 de cette surface est réservé pour la cour et le reste est en jardin. Celui ci à une contenance de 1 521,9 m2.
Quelle est la superficie occupée par la maison,
- en mètres carrés?
- en décamètres carrés?
Je vous en propose un autre à cinq points:
Un train de marchandise parti de Paris à midi fait 30 km à l’heure. Quelle vitesse faut-il donner à un train partant de Lyon à 14 heures pour qu’il croise le premier à 18 heures? La distance de Paris à Lyon est de 512 kilomètres.
Pour la lecture il est difficile de vous tester mais sachez que la boutique du musée propose des reproductions de livrets d’exercices de dictée ou récréatifs. Par exemple:
Ces mots latins ont gardé la même forme en français, mais connaissez vous leur sens? Reliez chacun à sa signification:
ab ovo, ad libitum, grosso modo, ibidem, interim, nec plus ultra, sine die, summum, ultimatum, verso
au même endroit, approximativement, à volonté, en attendant, dès l’origine, dernier mot, l’autre côté, le mieux, le plus haut, sans date précise.
Dans la continuité des deux salles de classe, au pied de l’escalier menant à l’étage, un petit coin cuisine.
Les instituteurs, au nombre de deux, logeaient sur place. Les parents d’Alain-Fournier étaient les instituteurs. Le logement était constitué de trois pièces. Une salle à manger, un salon chambre et une chambre.

Aménagée à l’étage, à côté du grenier, cette chambre sera la chambre d’Alain-Fournier. Une simple lucarne de toit l’éclairait.

Mettre le linge à sécher dans le grenier? Pas du tout. C’était juste une manière d’aérer les draps sales pendant l’hiver.
Le musée organise plusieurs évènements dans l’année. Reportez vous au site internet.
Le retour au camping s’effectue en traversant la forêt de Tronçais. C’est Colbert qui en est à l’initiative, tout comme des étangs que l’on trouve de ci de là car ils permettaient d’alimenter des moulins.
Ce troisième jour aura été l’occasion de voir des choses différentes et passionnantes. Le musée est vraiment sympa.
Je vous donne quand même les solutions des problèmes
Exercice n° 1
2/9 + 1/4 = (8+9)/36 = 17/36
Par soustraction le jardin occupe 19/36 du terrain total 17 + 19 = 36
La surface totale = (1521,9 x 36) / 19 = 2883,60
La surface de la maison = (2883,6 x 2)/9 = 640,80 m2 ou 6,4080 dm2
Exercice n°2
A 14h00 le train parti de Paris à 12h00 a parcouru 2×30 = 60 Km. Les trains se croiseront après avoir parcouru à eux deux 512 – 60 km = 452 km. Ils doivent parcourir cette distance en 18-14 heures = 4 heures. Ils doivent parcourir 452/4 = 113 km par heure. la vitesse recherchée est 113 – 30 = 83 km/h
Exercice n°3
Ab ovo = dès l’origine, ad libitum = à volonté, grosso modo = approximativement,
ibidem = au même endroit, interim = en attendant, nec plus ultra = le mieux,
sine die = sans date précise, summum = le plus haut, ultimatum = dernier mot, verso = l’autre coté
Rétro-camping dans le Berry épisode 3